dimanche 20 avril 2025

Fidelio de Beethoven

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BEETHIVEN-home-radio-290-400France Musique. Fidelio de Beethoven, mardi 29 juillet 2014, 20h. Enregistré au TCE à Paris en juin 2014, voici un Fidelio rugueux et frénétique sur instruments d’époque, dirigé par Jérémie Rhorer. Hymne à l’amour triomphal, la partition de Fidelio exalte la vertu de la
fidélité conjugale contre la tyrannie. L’auteur illustre la constance de l’épouse, sa détermination exemplaire contre l’autorité du despote Pizzaro. Si Alceste descend aux enfers pour sauver son époux Admète, Leonore, devenue Fidelio, rejoint son époux Florestan dans la prison pour l’en libérer.  Le chef d’oeuvre lyrique de Beethoven est créé dans sa version définitive à Vienne, en 1814. La partition met en lumière le long processus d’écriture dont témoigne aussi les différentes versions de l’ouverture notées Leonore I, II, III, selon les temps de révision et de réécriture. L’énergie et l’espérance de Beethoven sont portées à leur plus haut degré d’accomplissement. Quand Beethoven compose, il écrit pour la fraternité à bâtir, l’humanité à sauver d’elle même…

Léonore ou l’amour conjugal

A 32 ans, Beethoven commence l’écriture de son seul opéra, « Fidelio ou l’amour conjugal ». Sujet édifiant qui fait l’apothéose de la fidélité d’une épouse.Tout d’abord inspiré par le livret héroïque d’Emmanuel Shikaneder, « Vestas Feuer » (Le feu de Vesta), le compositeur se décida finalement pour la pièce en trois actes du secrétaire du théâtre impérial de Vienne, Joseph Ferdinand von Sonnleithner, lui-même s’inspirant de Léonore ou l’amour conjugal du français Jean Nicolas Bouilly. L’histoire s’inspire d’un fait avéré. Bouilly alors procureur du Tribunal révolutionnaire avait noté le dévouement de la comtesse de Semblançay qui avait permis la libération de son mari en pénétrant dans la prison jacobine où était sequestré son époux, le Comte René. Le texte de Bouilly fut ensuite porté à la scène et mis en musique dans le style de Cherubini, par Pierre Gaveaux, au Théâtre Feydeau, le 19 février 1798. L’heure était au culte des héros, du moins aux manifestations d’un idéalisme exemplaire.

De 1805 à 1806: les deux première versions

Beethoven couche ses première mesures fin 1803. Il faudra attendre encore deux années avant la première, le 20 novembre 1805. Entre temps, deux autres ouvrages lyriques furent créés sur le sujet, composés à Dresde par Paër (3 octobre 1804), à Padoue par Mayr (1805). Il est probable que Beethoven connut parfaitement la version de Paër. L’accueil dans une Vienne alors occupée par les français, – Napoléon règne sur l’Europe-,
ne fut pas des plus chaleureux. Les raisons de cette échec restent conjectures. Beethoven sourd qui avait imposé sa décision de diriger « sa Leonore », fut-il un élément fragilisant la création ? L’orchestre était-il à la hauteur de ses exigences?
Ainsi qu’il en est pour les œuvres des génies insatisfaits, Beethoven meurtri, demanda dès le lendemain de la première, à Stephan von Breuning, de remanier le texte initial, de passer de trois à deux actes, selon une formule efficace qui avait déjà montrer ses avantages pour la Clemenza di tito de Mozart en 1791. Beethoven remanie aussi la partition, compose une nouvelle ouverture, aujourd’hui connue sous le nom d’ « ouverture Leonore III ». La première n’ayant jamais été jouée du vivant du compositeur, c’est la seconde version qui fut abordée lors de la création de 1805.
Avec l’ouverture Leonore III, son découpage nouveau en deux actes, la nouvelle Leonore de Beethoven fut présentée au public le 29 mars 1806. Succès immédiat mais, obstacles ourdis par un destin contaire, Beethoven en brouille avec l’intendant du théâtre an der Wien qui affichait l’opéra, retira illico son œuvre.

Version finale de 1814

Pour autant, le destin de Leonore n’était pas terminé. Georg Friedrich Treitschke, sous-directeur du même théâtre an der Wien en 1814, proposa à Beethoven de remonter l’ouvrage. Et le compositeur de bonne volonté, accepta de reprendre sa partition pour une troisième nouvelle version. « Cet opéra me vaudra la couronne des martyrs », écrit-il alors. Réduction du texte de Sonnleithner, nouvelle ouverture en mi majeur, dite « Fidelio », nouvelle fin plus éclatante, puisque les protagonistes chantent leur libération non plus dans le cachot mais sur la place du château. L’hymne à la lumière y est d’autant plus explicite que Beethoven réutilise pour l’air final une mélodie tirée de sa cantate composée en 1790 pour la mort de Joseph II. Un style oratoire clame la libération du couple, et au delà, la liberté des hommes tournés vers l’idéal des Lumières. Si la fidélité est la valeur première célébrée dans l’œuvre, il en est
de même pour la chanteuse créatrice de la première Leonore en 1805 : Anna Midler chanta, presque dix ans plus tard, le rôle-titre, lors de la recréation de l’œuvre, le 23 mai 1814. L’opéra suscita enfin un véritable triomphe.

Ludwig van Beethoven, Fidelio (1805-1814)
Opéra en deux actes sur un livret de Joseph Sonnleithner et Georg
Friedrich Treischke d’après le mélodrame de Jean-Nicolas Bouilly «
Léonore ou l’amour conjugual »

 

 

logo_francemusiqueFrance Musique. Fidelio de Beethoven, mardi 29 juillet 2014, 20h. Enregistrement réalisé en juin 2014 au TCE. Malin Byström, Léonore. Joseph Kaiser, Florestan. Sophie Karthaüser, Marzeline. Andrew Foster Williams, Don Pizarro… Les Eléments, Le Cercle de l’Harmonie. Jérémie Rhorer, direction.

 

 

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