Franz Schubert
Le voyage d’hiver, 1827
Philippe Cantor, baryton. Didier Puntos, piano
Lyon, Maison de la danse. Les 29, 30 et 31 janvier 2008
Saison musicale 2007 – 2008 des Solistes de Lyon
Vienne, 1827
Alors que Nantes pour sa Folle Journée 2008 vit à l’heure schubertienne, que le pianiste Philippe Cassard crée l’événement discographique dans une lecture attentive et confidentielle des Impromptus (1 cd Accord), la programmation de la saison musicale des Solistes de Lyon célèbre elle-aussi la voix intérieure du créateur de tant de lieder qui ouvrent l’écoute sur les mondes parallèles, ceux du rêve, de l’insouciance, de la féérie, entre extase et langueur, méditation et contemplation. A voce sola, le baryton Philippe Cantor aborde l’un des derniers cycles vocaux de Schubert, Le Voyage d’hiver d’après Müller (comme c’est le cas de son autre cycle La Belle Meunière), un ensemble de lieder qui expriment l’aspiration à l’éternité d’un musicien voyageur qui se savait condamné. Même contemplatif, le cycle du Voyage d’hiver n’est pas exempt d’âpreté comme de désespérance car Schubert assiste en 1827 à la mort de Beethoven, un modèle adoré qu’il n’aura jamais approché, bien qu’ils aient tous deux habité la même ville: Vienne. C’est aussi le décès de son double, Müller, le poète qui l’inspire pour les lieder de ce Voyage d’hiver. Schubert vit les derniers mois de sa trop courte carrière (il meurt en 1828, à l’âge de 31 ans!). Si Mozart marque de façon définitive l’élaboration d’un opéra germanique, Schubert donne au lied ses lettres de noblesses: inspiré par les plus grands poètes, il compose lui-même plusieurs poèmes en musique ce qui conduit Liszt à déclarer après sa mort: « Schubert fut bien le plus poète des musiciens »...
Un Voyage entre la vie et la mort
Pourtant conçu pour ténor, Le Voyage d’hiver est investi par basses et barytons qui y ont laissé leur testament musical (souvent à plusieurs reprises enregistré, comme c’est le cas de Dietrich Fischer-Dieskau, incomparable, inégalable ici, qui l’a en de nombreuses fois, présenté au concert et au disque, d’une manière quasi obsessionnelle). A sa suite et dans le sillon de quelques autres, tout aussi significatifs, tels Prégardien dans la tessiture originelle, ou Brigitte Fassbaender (mezzo), c’est Philippe Cantor, baryton qui chantera à Lyon, à la maison de la danse, l’opus, accompagné par Didier Puntos, au piano. A leurs cotés, autres ambassadeurs du voyage imaginaire, les danseurs de la compagnie Fêtes Galantes (Béatrice Massin), dessineront les courbes immatérielles de ce parcours intimiste dans l’autre monde.
Illustration
Franz Schubert (DR)