Frédéric Chopin
France Musique
Dimanche 3 janvier 2010 à 10h
La tribune des critiques de disques
Né polonais, mort parisien, Chopin a brûlé sa vie: maladif, affaibli, il correspond idéalement au type du musicien romantique, condamné à vivre intensément, à mourir jeune (39 ans), en laissant une oeuvre géniale.
L’enfant prodige (premier concert dès l’âge de 8 ans), accéda immédiatement à la notoriété internationale dont l’amorce a lieu dans en Pologne, à Varsovie, puis à Paris. Exilé, nostalgique de Varsovie près de laquelle il est né à Zelazowa-Wola, Chopin fait figure d’artiste déraciné dont l’éloignement loin de la patrie maternelle (retrouvée près de Nohant auprès de George Sand) accuse une sensibilité intérieure vive et exaltée.
L’opus 11, ou Concerto pour piano en mi mineur est dédié au virtuose parisien Kalkbrenner qui prit sous aile le jeune polonais arrivé à Paris en organisant entre autres pour lui, son premier récital public dans le salon de concert Pleyel au premier étage de la manufacture Pleyel, 9 rue Cadet à Paris (1832).
L’oeuvre a été cependant composée en 1830 à Varsovie (créée le 11 octobre), dernière partition du compositeur avant son départ pour Vienne… et Paris. Chopin devait alors traverser l’Europe pour rejoindre Londres selon ses plans initiaux. Messager a proposé une version orchestrale améliorée, quand Ravel malgré la critique vis à vis d’une oeuvre de jeunesse encore imparfaite (qui n’a ni la perfection de Mozart ni de Beethoven), trouvait la partition inspirée. Trois mouvements la structurent: allegro maestoso, Romance et Rondo.
Si le premier mouvement est d’exposition avec des accents au panache weberien, la Romance séduit car elle préfigure le monde intérieur des futurs Nocturnes. La main droite y brode une mélodie bellinienne à pleurer qui touche toujours par la justesse de son énoncé pudique et profond. Une joyeuse danse conclue le triptyque.
Illustration: Frédéric Chopin (DR)