Don Pasquale, 1843
France Musique
Samedi 21 novembre 2009 à 19h
Opéra enregistré à Paris au TCE le 9 novembre 2009
Pétillance, subtilité, nervosité et humanité: le geste de Muti s’affirme dans l’un des derniers chefs-d’oeuvre de Donizetti, Don Pasquale, composé en 1843, trois ans avant la mort du compositeur italien. Avec ses équipes dédiées à la furià théâtrale non dénuée de profondeur et de poésie (voyez comment le barbon est ici finement portraituré: sincère et vrai, il en devient troublant et humain), le chef italien, dans cette lecture en version de concert s’en donne à coeur joie, sans décors ni scénographie, mais avec un feu vif et bouillonnant, en véritable connaisseur de la scène délirante napolitaine. Donizettien irrésistible, Muti ne joue pas le buffa, il en exprime la verve étincelante et ciselée.
Notre collaborateur Nicolas Grinenberger assistait à la représentation parisienne au TCE (le 9 novembre 2009) et écrivait à propos de l’oeuvre et de son approche par Riccardo Muti:
Le feu Muti
« Considéré comme l’opéra bouffe le plus accompli de Gaetano Donizetti (1797-1848), Don Pasquale (1843) est
un véritable petit bijou de finesse et de légèreté, toujours pétillant,
un tourbillon d’humour qu’aucun temps mort ne vient jamais troubler.
Dans cette œuvre, l’une de ses dernières, le compositeur réactualise un
genre que l’on croyait usé jusqu’à la corde, celui de l’opera buffa,
initié plus d’un siècle auparavant par Pergolèse avec La Serva Padrona.
Le canevas reste celui auquel le public était habitué, inspiré de la
commedia dell’arte, où le vieux barbon se voit naïvement berné par le
couple des jeunes amoureux, aidés par le serviteur complice et jouant
double jeu – ici Malatesta, le docteur du vieil homme –. Mais, loin de
se borner à ce quatuor de personnages archétypaux, Donizetti leur donne
une réelle profondeur, notamment à Don Pasquale… »
« Maître incontestable et incontesté de ce répertoire, Riccardo Muti galvanise
ses troupes avec fougue et précision, démontrant avec éclat un
équilibre parfait entre humour et élégance. Véritable maestro
concertatore, il sait ménager ses chanteurs quand il le faut, tout en
déchaînant son orchestre aux moments opportuns. Car c’est bien de son
orchestre qu’il s’agit, cet orchestre de jeunes qu’il a créé et qu’il
couve lui-même depuis plusieurs années déjà. Une formation orchestrale
d’un niveau stupéfiant – surtout lorsqu’on réalise que les musiciens
qui le composent ont tous moins de trente ans et sortent à peine des
divers conservatoires italiens –, d’une pâte sonore à la somptuosité
rare ainsi que d’une précision et d’une homogénéité qui n’ont rien à
envier aux orchestres européens plus confirmés. »