Soirée opéra
Gaetano Donizetti
Lucia di Lammermoor, 1835
Donizetti
Né Bergamasque en 1797, Donizetti est le chaînon reliant Rossini à Verdi. Jeune compositeur reconnu à 25 ans, en 1822 avec son premier opéra, « Zoraide di Granata« , il enchaîne les oeuvres lyriques jusqu’en 1830, pas moins de 26 opéras nouveaux sur les épaules d’un jeune homme de 33 ans. C’est à partir de 1830, avec Anna Bolena, Torqueto Tasso, Lucrezia Borgia (1833), suivent en 1835, Maria Stuarda et Lucia di Lammermoor que le compositeur définit le nouvel opéra romantique. D’autant que la mort de Bellini (Puteaux, 1835) et la retraite de Rossini, lui ouvre les portes de tous les théâtres d’Europe.
Pour l’Opéra de Paris, il écrit ensuite, Les Martyrs, La Favorite et Dom Sebastian ; La Fille du régiment pour l’Opéra-Comique ; Linda di Chamounix et Maria di Rohan pour Vienne. Son dernier chef-d’oeuvre, Don Pasquale, voit le jour au Théâtre des Italiens en 1843. C’est une perle lyrique dans le registre pourtant déjà vu de la Comedia dell’arte. Malgré les deuils qui entâche la vie personnelle de l’auteur, et même de graves difficultés physiques, Don Pasquale renouvelle la pure comédie rossinienne.
Hospitalisé à Ivry en 1846, il meurt deux années plus tard en 1848 dans sa ville natale de Bergame, d’une dégénérescence cérébro-spinale.
Lucia
Le librettiste de Donizetti, Salvatore Cammarano, relit la Fiancée de Lammermoor de Walter Scott (1819) et la tragédie tirée de ce roman par Victor Ducange en 1828. Pour Donizetti, tragédie du destin de Lucia et virtuosité vocale sont indissoluble.
Précurseur de Verdi, le théâtre de Donizetti fixe des cadres qui seront repris ensuite après lui, comme les poncifs de l’opéra romantique italien. Le sextuor qui conclue l’acte II, où chacun des protagonistes chantent sa solitude pourtant simultanément aux autres personnages, la scène de la folie de l’acte III restent les temps forts de la partition. Dans un état de transe, semi-consciente au bord de la folie, Lucia erre et revit l’étreinte bienheureuse avec son aimé, Edgardo, au premier acte. L’acrobatie technique exigée de la soliste, fusionne avec la nécessité dramatique : la virtuosité exprime l’extrême désarroi d’une femme déconstruite.
L’opéra est créé à Naples (Teatro San Carlo), le 26 septembre 1835. Il existe une version française validée par Donizetti, créée au Théâtre de la Renaissance, le 6 août 1839.
Présentation : Edouard Garcin
Distribution
Natalie Dessay, Lucia
Matthew Polenzani,
Edgardo di Ravenswood
Salvatore Cordella, Arturo Bucklaw
Ludovic Tézier, Enrico Ashton
Kwangchul Youn, Raimondo Bidebent
Marie-Thérèse Keller, Alisa
Christian Jean, Normanno
Peter Burian, Chef de Chœur
Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris
Evelino Pido, direction
Approfondir
Lire notre dossier Lucia di Lammermoor. La folie de Lucia, victime et meurtrière sied idéalement aux chanteuses à fort tempérament. Patricia Ciofi cet été à Orange, mais aussi Natalie Dessay dont la tenue du rôle-titre sur la scène de l’Opéra Bastille, au mois de septembre 2006, a marqué le grand retour sur la scène, après son opération. La voix retrouvée, intacte, aussi cristalline qu’à son meilleure. Pour preuve ce soir, sur les ondes de France Musique
Illustration
Edgard Degas, scène d’intérieur