Gaetano Donizetti: Lucrezia Borgia, 1833. June Anderson Liège, Forum. Les 18 et 21 juin 2009

Opéra en deux actes avec prologue, livret de Felice Romani d’après Victor Hugo, Lucrezia Borgia est créé à Milan, Teatro alla Scala, le 26 décembre 1833.
En version de concert, Lucrezia fait son apparition dans la programmation de l’Opéra Royal de Wallonie, pour la première fois !

Ange démoniaque

Lucrezia Borgia présente un vif aperçu de la veine romantique et tragique de Donizetti, maître du belcanto préverdien. La production qu’en offre la scène liégeoise s’adosse au talent vocal d’une interprète experte de ce répertoire, la soprano coloratoure June Anderson. Avant Verdi et Puccini, les acrobaties vocales réservées à la cantatrice qui chante Lucrezia servent avant tout l’expressivité du verbe : un verbe démoniaque et manipulateur, radical et vindicatif propre à l’empoisonneuse, comploteuse, mère incestueuse et monstrueuse maîtresse. C’est un portrait saisissant sur la scène opératique que réussit Donizetti : l’ange démoniaque y déverse des torrents de langueur vénéneuse, d’une implacable haine dévastatrice et perverse. Beauté diabolique que portraitura aussi avant Donizetti en une image elle aussi captivante et ensorceleuse, Domenico Veneziano au XVè (cf. illustration ci-contre).

Celle aussi qui chanta l’air de La Reine de la Nuit dans le film Amadeus de Milos Forman est accompagnée, entre autres, du jeune ténor espagnol Ismael Jordi, autre étoile de cette lecture très attendue à Liège.

Illustration : Domenico Veneziano, Lucrezia Borgia (DR)