Arte. Soirée Nicolas Leriche, lundi 29 décembre 2014, 22h30. Le danseur étoile Nicolas Leriche a régné 34 ans sur la scène de l’Opéra de Paris dans les ballets classiques et les créations : il est rentré dans le Ballet de l’Opéra de Paris à 9 ans, et a suivi chacun des jalons du parcours « ordinaire » d’une danseur promis au sommet… Voici la soirée du 9 juillet 2014 (filmée au Palais Garnier), celle de ses adieux, à 42 ans : la fin de son contrat étant arrivée. Félinité agile, sensualité souple et sauvage à la fois, et précision technicienne font de lui l’un des très grands danseurs du Ballet parisien. Son duo avec en particulier l’Etoile Sylvie Guillem demeure mémorable. Leriche laisse un profil viril et conquérant, nerveux et dynamique, un vrai tempérament artistique au service des rôles abordés et des ballets choisis.
Pendant cette soirée de gala, Nicolas Leriche rend hommage à tous ceux qui l’ont repéré (Noureev qui l’a nommé « étoile »), fait travailler (Roland Petit et Béjart), … ainsi il danse pour sa soirée, les ballets qui l’ont façonné, dévoilé peu à peu en un regard rétrospectif : Les Forains, Le Jeune homme et la mort, Raymonda, L’après midi d’un faune, Appartement (Mats Ek),… autant de chorégraphies diverses et contrastées qui ont confirmé et enrichi pas à pas le talent multiple d’un danseur qui fut un travailleur sans limites. Sa chorégraphie récente Caligula a montré une nouvelle orientation dans sa carrière, celle du maître de ballet. Le danseur a même convié pour son gala, un artiste chanteur de sa génération, Mathieu Chedid pour lequel il avait dansé dans le métro au moment de la parution de son album de disque « Îl ».
Chorégraphie, transmission, pédagogie… les nouveaux champs d’activité du danseur sont aujourd’hui nombreux. Comment réussir sa reconversion sans perdre son identité ? C’est à peu près le défi de Nicolas Leriche à l’aube d’une seconde vie. Après avoir occupé le devant de la scène comme Etoile, unanimement applaudie, Nicolas Leriche partage avec les techniciens, l’univers plus obscur des coulisses, comme pédagogue et comme chorégraphe. Nicolas Leriche n’oublie pas les créations pour autant (après Darkness is hiding black horses de Saburo Teshigarawa, il y aura bientôt Solaris, nouvelle création annoncée). Désirant piloter sa propre compagnie, Leriche entend produire de nouveaux ballets, esquisser de nouveaux horizons tout en se nourrissant de son expérience exceptionnelle au sein du Ballet parisien.
Pour cette soirée d’adieux, Nicolas Leriche a proposé en hommages subtilement exprimés, un spectacle original et personnel qui synthétise sa propre vision de la danse, n‘hésitant pas à réaliser une danse improvisée sur la chanson live de Mathieu Chedid. Humble serviteur de son art, plutôt que gloire célébrée prenant sa retraite, le jeune homme danseur réalise un sans fautes avec la simplicité et la poésie qu’on lui connaît.
Extrait du poème hommage écrit et lu par Guillaume Gallienne, invité par Nicolas Leriche, lors de cette soirée événement :
… « Avez-vous remarquez la finesse des doigts?
Et sa délicatesse alternée quelque fois,
Par une unique rage , une sauvagerie
Terrible? Puis d’un coup, avec espièglerie,
Il s’adoucit. Soudain, nous voyons cet enfant
Qu’il est souvent encore à quarante deux ans.
Il bondit comme un tigre et vole comme un ange,
Il atterrit en chat et telle une mésange,
Virevolte aussitôt sans même se soucier
De savoir si nous autres avons pu respirer.
J’ai vécu grâce à lui mes plus longues apnées,
Et n’oublierais jamais ces acmés insensées
Que dans tous ces ballets il a su nous donner.
Mais ce n’est pas fini, tout ca va continuer…
Ce n’sont pas des adieux, non, ce n’est qu’un passage.
Ton génie Nicolas est plus grand que ton âge,
Et puisque cet endroit te déclare trop vieux,
Pour continuer ici tes grands sauts périlleux,
Eh bien tu les feras ailleurs, sur d’autres scènes.
Tu auras pour créer le soutien des mécènes
Ou celui de l’Etat, ce serait pas mal çà…
Que tu puisses transmettre. Enfin, c’est pas tout ça
Mais j’entends en coulisses un cheval qui trépigne,
Et n’ayant pu trouvé de belle rime en igne,
Avant que ce canasson me dise allez oust,
Je m’en vais pour conclure citer Marcel Proust.
Il dit, pour définir un autre immense artiste,
Ce qu’à mon tour je puis dire de ce soliste,
Qui est mon ami. En toute simplicité,
Il l’appelle Novateur à perpétuité. »
(Guillaume Gallienne)
Arte. Soirée Nicolas Leriche, lundi 29 décembre 2014, 22h30. Gala d’adieu du danseur étoile (juillet 2014).