Georg Friedrich Haendel
Giulio Cesare in Egitto, 1724
Bruxelles, La Monnaie
Du 20 janvier au 7 février 2008
René Jacobs, direction musicale
Karl-Ernst Herrmann & Ursel Herrmann, mise en scène et décors
Un seria égyptien, modèle du genre
En composant Giulio Cesare (1724), George Frideric Haendel (1685-1759), laisse un modèle du genre opera seria : un ouvrage qui outre la séduction de sa forme et l’efficacité de sa construction dramatique, doit au sujet lui-même et aux caractères convoqués d’être surtout une fresque psychologique fascinante, mêlant les intrigues du coeur et le fonctionnement du pouvoir. Guerre, mort, amour et pouvoir, séduction, intrigues et jalousie, le désir des deux puissants, qui sont aussi, surtout, deux âmes palpitantes, Cesare et Cleopatra, triomphe coûte que coûte. Dans sa version originelle, parce que le style italien était de mise, imposé en cela au début du XVIIIème par la « machine napolitaine », le rôle-titre était chanté par un castrat. De nos jours, l’espèce ayant disparu, Giulio Cesare que notre culture sexiste et machiste attribue davantage à une voix virile donc plus grave, est incarné selon la vision du chef et du metteur en scène par un alto ou à un contre-ténor. La Monnaie, comme elle avait présenté en décembre, les deux versions possibles et ici souhaitées par Massenet, de Werther, pour ténor et baryton, en alternance, récidive pour Giulio Cesare en présentant alternativement les deux lectures. Cesare sera chanté soit par le contre-ténor Lawrence Zazzo, la soit la contralto Marijana Mijanovic : les deux artistes alterneront au cours des quatorze représentations bruxelloises, à partir du 20 janvier 2008. Pénélope remarquée à Aix (Il Ritorno de Monteverdi), Marijana Mijanovic collectionne les rôles denses sur le plan dramatique qui exige fluidité technique, musicalité et projection du texte. Elle retrouve ici René Jacobs après avoir déjà chanté avec lui Belshazzar et déjà, Giulio Cesare de Haendel. Même rapprochement et proximité voire complicité entre chef et chanteur pour le cas de Lawrence Zazzo qui a joué L’Incoronazione di Poppea de Monteverdi et Griselda de Scarlatti sous la direction du chef flamand.
Distribution alternative (contre-ténor/alto féminin)
Giulio Cesare, Lawrence Zazzo (contratenore) / Marijana Mijanovic* (alto)
Cleopatra, Danielle de Niese / Sandrine Piau*
Tolomeo, Tania Kross / Brian Asawa*
Cornelia, Christianne Stotijn / Charlotte Hellekant*
Sesto, Anna Bonitatibus / Monica Bacelli*
Achilla, Luca Pisaroni
Nireno, Dominique Visse
Curio, Lionel Lhote
(Version contratenore / alto*)
Freiburger Barockorchester
Approfondir
Lire aussi notre dossier complet sur la production bruxellois de Giulio Cesare par René Jacobs et le duo Herrmann.
L’opéra montre la maestrià acquise par Haendel en
Italie, à Venise, à Rome, dans l’art lyrique italien. Son séjour en
Italie dont témoigne des oeuvres maîtresses comme Agrippina ou La Resurezzione, montre à quelle perfection de métier, le jeune compositeur saxon était parvenu. En pleine période Sturm und Drang,
Haendel se montre bouillonnant, d’une santé furieuse voire sauvage.
Cette furià d’essence italienne caractérise ses premiers opéras
londoniens dans le style italien: Giulio Cesare s’inscrit
dans cette optique. Pour le public de Londres, le compositeur renforce
la virtuosité, le divertissement, un caractère « superficiel » et
brillant qui n’empêche pas aussi une ironie sousjacente.
Illustration
Sir Lawrence Alma-Tadema: Joseph, 1874 (DR)
John Collier, les servantes de Pharaon, 1883 (DR)