mardi 22 avril 2025

Georges Prêtre: la Symphonie d’une vieEditions Ecriture

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Sous la forme d’un long entretien, structuré en 8 chapitres thématisés (Des corons du nord aux podiums du monde, sculpter l’invisible, questions de métier, serviteurs de la musique, ces rencontres qui furent des joies, musique et psychologie, entracte : vie et passion d’un homme, émotions professionnelles…), le chef d’orchestre français, Georges Prêtre, estimé de Maria Callas, respecté par le pianiste Arturo Benedetti-Michelangelli, se raconte dans un style châtié et polissé, en homme courtois et profondément croyant. L’entretien se déroule en réponse à la fille du maestro, permettant que la personnalité se dévoile à mots couverts, mêlant la vie familiale et aussi, surtout, les souvenirs de la carrière.

La musique en mode majeur


Né en 1924 dans le Nord, à Waziers, Georges Prêtre demeure un immense chef lyrique, soucieux de l’équilibre juste entre plateau et voix.

Après des études musicales à Douai, premier prix de trompette du Conservatoire de Paris en 1944, il fait ses débuts en 1946 à l’Opéra de Marseille, avant d’être engagé au Capitole de Toulouse (1951-1955). Entré en 1956 à l’Opéra-Comique, il y crée La Voix humaine de Poulenc, d’après Cocteau.

Chef associé du Royal Philharmonic Orchestra pendant près de dix ans, il ne restera qu’un an directeur musical de l’Opéra de Paris (1970-1971) : renonçant malgré les espoirs partagés de Marcel Landowski à rehausser le niveau artistique et la réputation mondiale de la Maison parisienne : prédécesseur de Liebermann, qui lui aura tous les moyens requis, Prêtre permet à Paris d’accueillir Karl Böhm… Chef préféré de Maria Callas, il dirige les derniers concerts de la diva à Paris et Londres. Le musicien se partage entre Paris et surtout Vienne dont il dirige les deux phalanges municipales: le Philharmoniker et le Symphoniker dont il a su affirmer l’éclat avec un talent exceptionnel.

Choisi par les musiciens du Philharmonique de Vienne pour diriger les concerts du nouvel an 2008 et 2010, il est à cette occasion le premier chef français à la tête de cet orchestre depuis 50 ans.


L’homme du nord, passionné de natation et de bateau, lecteur de Bergson et admirateur de Nietzsche, assume une vie dédiée à la musique, servie en humble artisan. Malgré son âge (80 ans particulièrement fêtés en 2004), il a gardé un coeur de jeune homme, sage et philosophe quant au métier, généreux et porté par l’amour en partage: avec ses proches (son épouse) et ses publics. C’est un citoyen du monde, voyageur et artiste aux quatre coins de la planète qui témoigne des rencontres chéries, des disparitions donc des personnalités estimées trop tôt parties.

L’art et la politique (car même s’il dit que l’art est au dessus de la politique et ne doit pas s’en mêler, le chef fait de la politique et défend même une bien belle image de civisme collectif appliqué quand il compare l’Assemblée nationale, peu exemplaire, et les musiciens de l’orchestre qu’il dirige… ), la France qui n’aime pas ses chefs français, la pauvreté et même l’indigence de l’éducation culturelle en France… sont ici des sujets développés et abordés avec la fougue d’un militant pour l’harmonie et l’unité. En définitive, Georges Prêtre qui n’aime ni le laissez-aller ni le trop d’indulgence, révèle son visage radieux, celui d’un humaniste culturel.

Les entretiens se montrent plus engagés voire intimes encore quand le chef se dévoile sur l’amour de sa vie: l’intelligence et la complicité de son épouse italienne à laquelle il doit certainement l’équilibre joyeux qui est au centre de sa vie. Une discographie indicative et une chronologie exhaustive complètent les propos retranscrits.

Georges Prêtre : La symphonie d’une vie. 19,95 €. ISBN : 9782359051001. Parution: mars 2013.

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