jeudi 24 avril 2025

Giacomo Puccini: La Bohème, 1896 Paris, Opéra Bastille du 29 octobre au 29 novembre 2009

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Giacomo Puccini
La Bohème
, 1896

Opéra en quatre actes. Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après le roman Scènes de la vie de bohème (1845-1851) d’Henri Murger et son adaptation théâtrale, La Vie de bohème, réalisée en collaboration avec Théodore Barrière. Composition : Torre del Lago, Milan et Val di Nievole entre 1892 et le 10 décembre 1895. Création : Turin, Teatro Regio, le 1er février 1896

Bohème réaliste

Et tout d’abord, l’auteur écrit selon sa propre expérience. « La Bohème, c’est le stage de la vie artistique; c’est la préface de l’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la Morgue. » (Mürger, préface des Scènes de la vie de bohème).

Puccini retient la leçon existentielle (vécue) de l’écrivain français d’origine alsacienne, dont il reprend l’histoire d’amour malade entre Mimi et Rodolphe. Le 4è opéra de Puccini (qui fait suite à son immense succès, Manon Lescaut) suit la vie réelle d’ Henry Mürger, né à parisien en 1822, qui mène contre l’avis de ses parents (qui le destinait à une carrière en droit), une existence douteuse, comme écrivain, à Montmartre et au Quartier latin, fréquentant artistes en mal de reconnaissance et filles aux moeurs relâchées. De cette vie de misère mais de forts élans artistiques, Mürger fait des plusieurs textes puis une pièce en 1849: La vie de bohème qui suscite l’enthousiasme du public. En 1851, l’écrivain publie Scènes de la vie de bohème que Puccini utilise en demandant en 1893 à Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’écrire un livret pour son nouvel opéra… créé à Turin (Teatro Regio) en 1896. Leoncavallo créera lui aussi sa Bohème en 1897. Les Italiens avaient trouvé la source idéale pour l’esthétique réaliste et vériste sur les planches. Mais le public a tranché et marqué nettement sa préférence pour l’oeuvre puccinienne (qui pourtant fut moins applaudie que sa rivale par Leoncavallo).
Autant l’histoire est naïve, touchante puis tragique (« poitrinaire »), autant la musique produit une déferlement de suavité sonore sans équivalent dans l’histoire lyrique. Pour exprimer le demi-monde, hors du puritanisme bourgeois du milieu du siècle, Puccini souligne les élans et les espoirs d’une génération et d’un milieu, sacrifiés. En Rodolphe, paraît Mürger lui-même. Et ses amis, le critique Champfleury (Marcel, le peintre); Schaunard a réellement existé (Alexandre Schanne qui publie en 1880: « Souvenirs de Schaunard » dont les personnages eux aussi éclaircissent le profil et la psychologie des rôles. Mimi a du Maria Vimal: innocence et faiblesse, délicatesse et déjà anéantissement … Rien à voir avec Musette, son double opposé, véritable sirène, croqueuse d’hommes pour en exploiter toutes les ressources… son couple avec Marcel, tonitruant et théâtral, est à mille lieues de la romance pudique et mesurée, finalement grave et sérieuse qui scelle le destin de Mimi et de Rodolphe.

Comme pour mieux souligner la faiblesse et la misère de ses héros, Puccini les fait greloter: les pauvres ont toujours froid. Ainsi pendant les 4 actes, la neige, le vent, la nuit semblent plonger peu à peu les protagonistes dans un océan qui les absorbent peu à peu… Ici s’inscrit la force de l’orchestre, plus évocatoire que descriptif, plus poétique qu’anecdotique: la désolation de la barrière d’Enfer (début du III) souligne en particulier le génie du Puccini symphoniste. Et pas seulement son esprit paysager, sa faculté à diffuser une atmosphère, à planter et nourrir un climat: en cela, La Bohème est l’opéra des artistes et de leur vie de bohème, c’est aussi une partition sur la ville, Paris. Ses lumières qui éclairent le grand café. Auxquelles Puccini réserve là encore de superbes flamboiements mélodiques.

Paris, Opéra Bastille
Du 29 octobre au 29 novembre 2009

Daniel Oren, Direction musicale
Jonathan Miller, Mise en scène

Stefano Secco (A) ⁄ Massimo Giordano (B) : Rodolfo
David Bizic: Schaunard
Matteo Peirone: Benoît
Tamar Iveri (A) ⁄ Inva Mula (B): Mimi
Ludovic Tézier (29 oct. au 12 nov.) / Dalibor Jenis (15 au 29 nov.): Marcello
Giovanni Battista Parodi (A) ⁄ Wojtek Smilek (B): Colline
Rémy Corazza: Alcindoro
Natalie Dessay: Musetta

Orchestre et choeur de l’Opéra national de Paris Maîtrise des Hauts-de-Seine⁄ chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
(A) 29 octobre, 3, 9, 15, 21, 27 novembre 2009
(B) 31 octobre, 6, 12, 18, 24, 29 novembre 2009

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