Giacomo Puccini
Madame Butterfly, 1904
Mezzo
Le 15 janvier 2008 à 22h50
Le 24 janvier 2008 à 12h20
Le 6 février 2008 à 19h15
Le 12 février 2008 à 12h20
Documentaire: « L »empreinte du papillon« . Réalisation: Marie Blanc-Hermeline (2003, 50 mn). 2008?… Année Puccini! L’année marque les 150 ans de la naissance du compositeur italien, l’un des auteurs lyriques les plus joués sur les planches opératiques. Mezzo ouvre le bal télévisuel en diffusant Madame Butterfly, dans sa version opéra (réalisé par Frédéric Mitterrand, 1995) et aussi au travers de ce documentaire, filmé à Torre del Lago, lieu emblématique de l’oeuvre Puccinienne car le compositeur y séjourne jusqu’à sa mort, y écrivant ses meilleurs ouvrages. La production de cette Butterfly réunit artistes américains (Vivien Hewitt, mise en scène et Keri-Lynn Wilson, direction musicale), chanteurs italiens (Stefano Secco dans le rôle de Pinkerton) et asiatique (la soprano chinoise Hui He incarne Cio Cio San). Chacun apporte le témoignage de sa propre compréhension de l’oeuvre.
L’oeuvre est le fruit d’un clivage: la vision de Cio Cio San, jeune japonaise de 15 ans dont le père, samouraï qui fut contraint au suicide, reste une ombre persistante dans le déroulement de la tragédie: c’est avec son poignard que la jeune mariée délaissée se donne elle aussi la mort. C’est aussi la conception d’une certaine américaine puritaine et lâche, incarnée par le lieutenant Pinkerton qui accepte d’épouser cette jeune et rafraîchissante geisha, sans donner plus de sérieux à cette histoire d’amour… Le choc entre les deux individus n’en sera que plus fracassant… tragique même pour la jeune femme que la solitude désespérée mais digne mène jusqu’à la mort.
Le documentaire met en avant la justesse de la musique de Puccini dont le dessein souhaite dévoiler l’activité du psychisme sous-jacent. De fait, jusqu’à la dernière scène, Cio Cio San, espère, attend, vit dans son fort intérieur tous les événements qui se pressent. Elle est victime certes, du moins totalement isolée: écartée par la société japonaise dont elle aurait renié les ancêtres (comme l’indique et le proclame « l’oncle bonze » qui surgit au coeur de la cérémonie du mariage de l’acte I), à peine mieux considérée par celui qu’elle a épousé et qui reviendra, marié avec l’une de ses « semblables », américaine, pour emporter son « fils », qui « métis » n’a aucun avenir au Japon… En décidant de se donner la mort, Cio Cio San s’élève un peu plus au dessus de sa condition de « chanteuse »… elle devient une héroïne tragique, blessée, sacrifiée, mais noble. L’approche est documentée: elle restitue l’ouvrage de Puccini, qui adapte une pièce de théâtre préalable (découverte à Londres en 1900), dont la partition sera achevée en 1904. Instructif.
Illustration: la rencontre de Cio Cio San et de Pinkerton dans la film de Frédéric Mitterand: Ying Huan et Richard Truxell, 1995 (DR)