mercredi 23 avril 2025

Giacomo Puccini: Tosca, 1900. Documentaire, opéra France 3. L’heure de l’opéra; Samedi 2 février 2008 vers 23h20

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Giacomo Puccini
Tosca
, 1900

France 3
Samedi 2 février 2008 à 23h20

Fureur passionnelle
Dans le personnage radical de Floria Tosca, cantatrice, se mêlent la pureté d’un coeur fervent et la passion d’une amoureuse jalouse et exclusive. Sur son chemin se dresse l’infâme Scarpia, chef de la police romaine, assoiffé de sang et de torture qui préfère tuer et manipuler celle qu’il désire, plutôt que de la voir dans les bras d’un autre. Surtout que cet autre, est un peintre doué mais libertaire, un révolutionnaire autoproclamé: l’artiste républicain, Mario Cavaradossi. Le jeune homme s’insurge contre le pouvoir tortionnaire et la tyranie de Scarpia. Au moment de sa confrontation avec le chef de la police, Cavaradossi s’enthousiasme insolemment à la barbe du tortionnaire quand on annonce la victoire de Napoléon à Marengo sur les troupes italiennes. Si Tosca est un ouvrage intimiste, sorte de huit-clos étouffant où s’affrontent trois personnalités hautes en couleurs, il s’agit aussi du combat livré entre deux mondes, la barbarie contre l’amour, l’état policier contre l’ivresse des amants épris de liberté. Puccini s’inspire de Victorien Sardou dont il reprend l’action tendue et serrée de sa pièce éponyme (1887). A partir de l’action théâtrale, le compositeur fait un chef d’oeuvre, véritable torrent émotionnel.

Documentaire puis opéra intégral
France 3 s’intéresse à l’une des oeuvres maîtresses de Puccini, dont 2008 marque le 150 ème anniversaire de la naissance. Deux parties pour une soirée puccinienne qui s’annonce passionnante: documentaire tout d’abord (à 23h20) sur l’oeuvre, ses personnages, l’action et les aspects de l’écriture musicale (L’heure de l’Opéra écrit par Alain Duault, réalisation de Thierry Paul Bénizeau). Intégrale lyrique ensuite (vers 00h20): l’opéra tout au long de ses trois actes nous est ainsi révélé, dans la production madrilène du Teatro Real, filmé en 2004 dans le mise en scène de Nuria Espert et sous la direction musicale de Maurizio Benini. Avec Daniela Dessi (Tosca), Fabio Armiliato (Mario Cavaradossi), Ruggero Raimondi (Scarpia).

Notre avis: dans le docu, Alain Duault mène tambour battant l’intervention des interprètes qui témoignent chacun sur leur vision, de l’action et des personnages. Roberto Alagna parle de Mario, Raina Kabaivanska et Sylvie Valaire évoquent le personnage de Floria Tosca, cantatrice élevée au couvent qui n’a pas les usages de la Cour de Marie-Caroline: « c’est Manon des sources à la Cour italienne », il y a chez elle quelques chose qui relève plus de Madame sans gène que d’une femme distinguée… Franck Ferrari et Georges Prêtre replacent au coeur du drame la figure bestiale et cruelle de Scarpia: c’est le fils du baron Scarpia et d’une prostituée: il y a chez lui une soif inestinguible de revanche, de pouvoir, de contrôle et de sadisme… Dès l’ouverture et ses déflagrations aux cuivres qui annoncent le combat à venir, le spectateur est saisi par le torrent des passions qui se répandent. La liberté des individus y livre une lutte acharnée et tragique contre tous les despotismes. Voilà qui permet de comprendre comment l’oeuvre créé à Rome en 1900, puis reprise à Paris dès 1903 conquit un public ébahi par sa violence et la beauté de sa musique. La production madrilène qui sert d’illustration aux explications du documentaire et qui est ensuite diffusée dans son intégralité sait relever le défi d’une partition orageuse et psychologique. Certes Daniela Dessi ne sait pas articuler, jouant plus sur la couleur que l’imprécation du texte. Mais à ses côtés, le Mario de Fabio Armiliato, très musical, et le Scarpia de Ruggero Raimondi, impeccable d’ironie glacée et de macchiavélisme sadique, restituent la puissance et l’ampleur des caractères. Bon spectacle d’autant que la mise en scène accuse l’oppression et la tension d’une scène où domine l’omnipotence d’un pouvoir usurpé. Dans la vision de Nuria Espert, c’est évidemment Scarpia et ses sbires qui mènent le bal: en habits ecclésiastiques, cette troupe d’inquisiteurs fait régner la terreur. Tout autour d’eux, sur les murs, l’image démultipliée du Jugement Dernier de Michel-Ange, descendu du fond de la Sixtine, rappelle que se joue ici un combat à mort. Si Scarpia meurt, Mario et Floria n’en réchappent pas non plus. Tragédie radicale.

Mezzo souligne aussi l’importance du théatre puccinien dans l’histoire lyrique et diffuse jusqu’au 12 février 2008, un autre chef d’oeuvre du compositeur italien, Madame Butterfly, dans la réalisation cinématographique de Frédéric Mitterand (1995).

Crédit photographique: Daniela Dessi et Fabio Armiliato (DR). Giacomo Puccini (DR)

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