samedi 10 mai 2025

Giaocchino Rossini, l’italienne à Alger (1813)Arte, le 17 juillet. En DIRECT du Festival d’Aix-en-Provence

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Précocité, talent, génie de la scène autant que magicien des lignes vocales, la carrière de Rossini est une aventure sertie de joyaux immédiats dont les apparitions accréditent la singularité d’un compositeur fulgurant, qui d’ailleurs, richissime, s’arrête de composer tout opéra en 1829, avec son ultime drame, Guillaume Tell pour l’Opéra de Paris, conçu à l’âge de 37 ans !
L’italienne à Alger fait partie des œuvres de la première maturité. La période enchaîne ses essais lyriques : La Cambiale di matrimonio (le contrat de mariage), Il Signor Bruschino, La Scala di Seta, La Pietra del Paragone (Milan, 1812, composé à 20 ans), autant d’ouvrages dans lesquels Rossini affine son sens de l’expression et du dramatisme dans la veine de l’opéra buffa.
Le jeune musicien enchante les scènes des théâtre de Venise, et l’année 1813, doublement marquée par ses deux œuvres complémentaires, l’une héroïque, la seconde dans la pure tradition comique, Tancrède et l’Italienne à Alger, donne la mesure d’une créativité exceptionnelle. Viendront les œuvres de la pleine maturité, celles où le public conquis le suit dans ses expériences musicales et théâtrales : Elisabeth, reine d’Angleterre (Naples, 1815, où pour les récitatifs, Rossini remplace le clavecin par les cordes de l’orchestre), le Barbier de Séville et Otello (Rome , 1816 dont le tableau final met en scène le premier meurtre sur les planches d’un théâtre lyrique), parmi ses œuvres majeures, et qui deviennent chacun des succès européens.

Pure joyau de la farce napolitaine
L’italienne est un mélodrame giocoso en deux actes, créé à Venise le 22 mai 1813, repris à Milan au printemps 1814 dans une orchestration légèrement modifiée.
Qu’a donc à faire, Isabella, l’italienne délectable de la farce rossinienne, échouée sur les côtes algériennes ?
Elle espère retrouver son fiancé Lindoro, devenu l’esclave du Bey Mustafa. Or celui-ci veut changer de femme et donner la sienne à Lindoro justement. Quand paraît l’Italienne à Alger, le Bey tombe sous la coupe de cette femme dominatrice qui n’aura de cesse de libérer son fiancé. Quoiqu’on en dise, confronter la figure d’une femme émancipée au pays de la soumission féminine tenait évidemment du brûlot sociale et politique. Or la musique de Rossini emporte le tout et atténue la saveur dénonciatrice du livret.

Prétexte orientalisant, conte féérique sans enjeu politique, tenant du carnaval et du bal masqué, cette italienne n’aurait d’autre ambition que de nous bercer voire nous éblouir par l’énergie d’un chant virtuose ?
Ni philosophique, pas même sociologique, même si comme pour la future Rosina du Barbier de Séville, Rossini envisage pour Isabella, surtout dans l’air « pensa alla patria », l’éloquence d’une femme maîtresse de son destin, une affranchie dont l’émancipation ainsi hautement clamée tiendrait du manifeste sexiste déjà féministe !

L’intelligence et l’esprit de l’œuvre laissent le spectateur juger par lui-même des vraies intentions de l’ouvrage. Farce peut-être moins superficielle qu’il n’y paraît. Le rire et la cocasserie ont souvent dissimulé de criants manifestes. Rossini féministe ? Une voie à suivre pour une relecture de ses oeuvres…

arte, le 17 juillet à 21h40
en direct
du festival d’Aix en Provence

Gioacchino Rossini,
L’italienne à Alger
(1813)

Livret d’Angelo Anelli
Mise en scène : Toni Servillo
Direction musicale : Riccardo Frizza

Christianne Stotijn, Isabella
Maxim Mironov, Lindoro
Giorgio Surian, Mustafa
Ruben Drole, Haly
Yuri Vorobiev, Taddeo
Elisaveta Martirosyan, Elvira
Sabina Willeit, Zulma

Mahler chamber orchestra
Arnold Chamber chor

Réalisation fimique : Vincent Bataillon
L’enregistrement vidéo sera publié chez Bel Air classiques

Soirée présentée par Gérard Courchelle

discographie

Claudio Scimone, 1980
Solistes : Marilyn Horne et Samuel Ramey. Coffret Erato.

Claudio Abbado, 1989
Solistes : Agnès Baltsa et Ruggero Raimondi. Wiener Philharmoniker.
Coffret Deutsche Grammophon

Illustrations
Portrait de Rossini
Ingres, la grande Odalisque. Salon de 1819 (musée du Louvre, Paris)

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