Gioachino Rossini
L’Equivovo Stravangante
Du 22 février au 4 mars 2012
Liège, Opéra Royal de Wallonie
Palais Opéra
Jan Schultsz, direction
Stefano Mazzonis di Pralafera, mise en scène
Première à l’Opéra Royal de Wallonie, et même résurrection attendue d’une oeubre rossinienne, totalement méconnue aujourd’hui.
Ce dramma giocoso créé en 1811, à Bologne (Teatro del Corso) est de la meilleure veine dramatique d’un Rossini facétieux, toujours enclin à varier les registres poétiques autant que critiques sur le portrait du genre humain. Le jeune homme de … 19 ans, vient d’imposer sa manière virtuose et enjouée, taillée pour la comédie avec La Cambiale di Matrimonio représentée au Teatro San Moisè à Venise, le 3 novembre 1810. Il sait assimiler Paisiello, Zingarelli ; surtout Simon Mayr, maître de Donizetti, mais personnalité influente sur tous les compositeurs d’opéra dont évidemment Rossini.
Un génie lyrique de 19 ans
Une fille astucieuse et piquante sait tenir tête à son père (Gamberotto, basse bouffe), toujours motivé pour la marier selon ses intérêts, c’est à dire contre l’avis de l’intéressée. Or celle-ci tombant amoureuse d’un pauvre et timide jeune homme, Ermanno (soldat ayant déserté), orchestre un stratagème pour en imposer à son paternel. Elle se fait passer pour un castrat: Rossini intègre dans l’action même de son opéra de jeunesse, le chant trouble, ambivalent d’un travestissement… une contralto coloratoure jouant un castrat (pour la première bolonaise le 26 octobre 1811, Marietta Marcolini): c’est le comble du transfert identitaire: en femme homme féminin, Ernestina synthétise tous les délires lyriques baroques qui affectionnent tant le mélange des genres et des identités… A la manière des opéras baroques, il en joue avec finesse et délire pour mieux en exploiter les accents expressifs et les possibilités théâtrales.
A l’époque l’ouvrage fit scandale, moins par son sujet sexuellement piquant qu’à cause du sujet de désertion que le texte évoquait: la police interdit les représentations après la 3è soirée. Mais le génie rossinien a fait ses preuves… Après L’Equivoco Stravagante, Rossini investit à nouveau la scène vénitienne du San Moisè avec L’Inganno felice (l’heureux stratagème, créé en janvier 1812. Sa carrière est lancée: Rossini, génie précoce, enchaîne désormais les commandes: Ciro in Babilonia (Ferrare, mars 1812), La Scala di Seta, nouveau succès présenté au San Moisè à Venise… en mai 1812. Rossini n’a que 20 ans.
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