Giuseppe Verdi
Don Carlo, 1867
Arte,
Dimanche 7 décembre 2008 à 18h
En direct de la Scala de Milan
Réalisation: Patrizia Carmine. 2008, 3h40mn)
France Musique
En simultané sur France Musique
Un Infant déboussolé
D’abord créé pour la scène parisienne, Don Carlo, avant sa création en italien sur les planches de la Scala de Milan, en janvier 1884, fut Don Carlos,
(notez le « s » final), en français, dont la première, salle Le Peletier
à Paris, le 11 mars 1867, suscita les vives réactions du public.
Pourtant, Verdi soucieux de reconnaissance, avait sacrifié à la
tradition du grand genre hexagonal, (après le premier coup d’essai
réussi des Vêpres Siciliennes, en 1855), en associant à un
orchestre surpuissant, l’effet des ballets, et la manière pompeuse et
solennelle de l’opéra historique. Ambitionnant d’égaler voire de
dépasser Meyerbeer à Paris, Verdi ira jusqu’à Saint-Pétersbourg pour
conquérir sa gloire légitime (La Forza del destino, 1862).
Comme Luisa Miller (1849), le compositeur italien choisit la pièce Don Carlos
de Friederich von Schiller. A son habitude, le dramaturge aime
confronter l’innocence juvénile et l’ardeur conquérante à la perversité
âpre d’un système corrompu: si l’Infant Don Carlo (futur Charles Quint)
est habité par des sentiments d’amour et d’amitié, respectivement pour
Marguerite de Valois qui devra finalement épouser son père, Philippe
II, pour le marquis de Posa dont la relation incarne cette loyauté
tendre et virile dont nous avons parlé, il n’en est pas moins heurté
sans ménagements à la cruauté et à la barbarie de l’Espagne de la
Renaissance. Face au héros, trop naïf pour son époque, les hommes de
pouvoir: le grand inquisiteur et surtout Philippe II sont réduits à la
solitude et à l’autorité tyrannique, comme prisonniers de leur propre
pouvoir et de la terreur qu’ils suscitent autour d’eux.
La nouvelle production présentée pour son début de saison 2008/2009 par La Scala de Milan réunit un plateau prometteur dont Matti Salminen (en Philippe II), Dalibor Janis (Posa)… sous la direction du metteur en scène Stéphane Brauschweig, et sous la direction musicale de Daniele Gatti, récemment nommé à la tête du National de France…
Distribution
Sommet de l’inspiration musicale verdienne, le sombre Don Carlo décrit
le monde déchiré des victimes du pouvoir au temps de l’Inquisitation
espagnole. L’Infant Don Carlo est amoureux de sa belle-mère, Elisabeth
de Valois. La princesse devait au départ lui être promise mais son père
Philippe II décide d’épouser la jeune femme. Les deux jeunes gens
doivent se soumettre à la volonté du roi, lui-même soumis à l’autorité
du Grand Inquisiteur. Ici l’amour est écrasé sur l’autel de la
politique cynique, celle de l’Eglise et d’une monarchie trop inféodée à
la religion. Verdi idéalise le pur amour entre Carlos et Elisabeth,
comme il sait opposer la vaillance loyale et humaniste de l’ami tendre
de Carlos, Posa, à l’autorité inflexible du Roi. Galerie de caractères
individualisés, l’opéra est l’un des chefs d’oeuvre de Verdi.
Filippo II: Ferruccio Furlanetto
Don Carlo: Giuseppe Filianoti
Rodrigo: Dalibor Jenis
Il grande inquisitore: Anatolij Kotscherga
Un frate: Diogenes Randes
Elisabetta di Valois: Fiorenza Cedolins
La principessa d’Eboli: Dolora Zajick
Tebaldo: Carla Di Censo
Conte di Lerma: Cristiano Cremonini
Araldo reale: Carlo Bosi
Voce dal cielo: Julia Borchert
6 deputati fiamminghi:
Filippo Bettoschi
Davide Pelissero
Ernesto Panariello
Chae Jun Lim
Alessandro Spina
Luciano Montanaro
Orchestre de la Scala de Milan
Daniele Gatti, direction
Illustration: Giovanni Battista Moroni: le tailleur (Stockholm, musée des beaux-arts). Giuseppe Verdi (DR)