lundi 21 avril 2025

Giuseppe Verdi, Otello (1887)Arte, samedi 10 juin à 22h05

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Otello est créé à la Scala de Milan le 5 février 1887. Il interrompt un silence de près de seize années, pendant lesquels Verdi avait cessé de composer depuis Aïda créé au Caire le 24 décembre 1871 (que d’ailleurs Arte diffusera en ce même mois de juin, pour la fête de la musique, le 21 à 20h45.
La source n’est pas nouvelle pour le compositeur, Verdi ayant passionnément trouvé dans l’épopée et la poésie de Shakespeare ses propres marques dramatiques. Il y eut Lady Macbeth (1847). Mais la nouveauté pour le lion de la scène lyrique, c’est une nouvelle collaboration, avec un nouveau librettiste, Arrigo Boito, dès 1874, mais qui n’aboutira que quelques années plus tard, après leur travail de révision de Simon Boccanegra et de Don Carlos. Après Otello, surgira l’ultime création, Falstaff, en 1893, inspiré également de la sève Shakespearienne (les Joyeuses Commères de Windsor).

Victorieux des Turcs, le Maure général de l’armée vénitienne, Otello, est accueilli triomphalement par le peuple cypriote.
S’il vainc aisément les forces hostiles sur l’arène militaire, il en va tout autrement sur la scène amoureuse. Et le conquérant se fait angoissé, impatient, tyrannique, passionnel, irascible. Du moins doute-t-il assez de lui-même pour que le doute distillé par son ennemi Iago, le perfide semeur de trouble, ne vienne lui inspirer suspicion et accusation à l’endroit de son épouse, pourtant fidèle et aimante, la belle Desdémone.
Elle-même est aussi douce et passive qu’il se montre manipulable et aveugle.

La force du drame vient de ce contraste saisissant sur la scène : ici, les deux protagonistes que tout a comblé : fortune, rang, mérite et beauté, sont les jouets impuissants d’un traître, odieux démiurge, habile satan des cœurs, un fieffé jaloux qui tirant les ficelles d’une histoire somme toute assez banale, nous plonge dans la tragédie la plus impitoyable.
La production que diffuse ce soir Arte, est en réalité la rediffusion d’un programme déjà passé le 25 juin 2003. Le trio de tête, Otello/Desdémone/Iago, est incarné par trois chanteurs d’une indiscutable présence scénique. Dans la fosse, Zubin Mehta parvient à faire rugir l’orchestre du Maggio musicale Fiorentino à l’égal des éclairs de la tempête avec laquelle débute l’opéra. Grandeur déchaînée de la Nature, violence des passions humaines. La mise en scène du théâtre national de Saint-Petersbourg est impeccable : noire, efficace. Elle pernet au dispositif scénique de mieux prendre en étau les trop frêles figures humaines d’Otello et de son épouse, Desdémone. A la folie dévastatrice du premier, répond la soumission pieuse de la seconde.

Ici, aucun des personnages n’est maître de lui-même. Chacun semble possédé par une force qui le dépasse: jalousie perverse (Iago), soupçon dévorant (Otello), accablement (Desdémone). Quoi de mieux pour passer une excellente soirée ? La musique quant à elle, forte, violente, fulgurante, est, osons le mot, sublime.

Verdi, Otello
Opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi
Livret : Arrigo Boito d’après William Shakespeare
Direction musicale : Zubin Mehta
Mise en scène : Lev Dodin
Avec : Vladimir Galouzine (Otello), Barbara Frittoli (Desdemone), Carlo
Guelfi (Iago), Raymond Very (Cassio), Enrico Facini (Roderigo)…
Chœurs et Orchestre du Théâtre du « Mai musical florentin »
Décors et costumes: David Borowski
Lumières : Jean Kalman
Réalisation : Vincent Bataillon (France/Italie,2003-2h35)
Production : ARTE France, Bel Air Media,
En différé du Teatro Comunale de Florence

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