mercredi 23 avril 2025

Giuseppe Verdi, Rigoletto ()Radio Classique. Le

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Giuseppe Verdi

Rigoletto, 1851


Dimanche 29 juillet 2007 à 21h

Version inoubliable

pour un Rigoletto d’anthologie. En 1964, sous la baguette acérée, mordante et vive de Rafaël Kubelik, Dietrich Fischer Dieskau incarne Rigoletto, le bossu maudit… père malheureux, inconsolable.
Tout a été dit sur cette lecture proche de la perfection qui associe un chef électrique et un plateau de solistes remarquables de bout en bout. La Gilda de Renata Scotto est déchirante d’émotion et de sensibilité. Carlo Bergonzi exprime la légèreté et la grâce du Duc de Mantoue aussi volage que cynique et élégant. Quant à Dietrich-Fischer Dieskau, il signe avec Posa (avec Solti) et Falstaff (avec Bernstein), l’un de ses rôles verdiens les plus aboutis: tendre, tragique, irrésistible. Et même Maddalena est superbement campée grâce à la touche dramatique et ténébriste de Fiorenza Cossotto… Les choeurs et l’Orchestre de la Scala de Milan sont à leur meilleur: tendus, haletants sur la corde chauffée par un prince de la baguette. Incontournable.

Une partition taillée au scalpel

Giuseppe Verdi a 38 ans lorsque son nouvel opéra, Rigoletto, est créé à la Fenice de Venise le 11 mars 1851.
Déjà
se dessine une évolution marquante de l’écriture musicale. Moins d’airs
de pure virtuosité, détachés de l’action dramatique, mais une vision
dramaturgique unitaire, dense, resserrée qui fusionne la psychologie
des personnages dans le développement de la catastrophe. Ainsi, si
Gilda chante son air de langueur amoureuse « Caro nome« ,
idéalisant celui qu’elle aime et qui n’est guère qu’un séducteur
déloyal, c’est pour mieux souligner son angélisme aveugle. Un angélisme
d’autant plus émouvant qu’il est sacrifié sans détour à la fin de
l’opéra. Rigoletto raconte en définitive la course d’une
malédiction qui se retourne contre celui qui l’a prononcée. Au final,
le bouffon du Duc, dont le plaisir était la moquerie et la raillerie,
perdra ce qu’il a de plus cher au monde, sa propre fille. Si la pièce Le Roi s’amuse de Victor Hugo (1832), dont Rigoletto
est l’adaptation, ne s’imposa pas sur la scène, il en va autrement de
l’opéra de Verdi dont l’efficacité dramatique étonne et saisit le
spectateur à chaque représentation. Dans l’Italie du XVIème siècle,
aussi raffinée que barbare, c’est à dire d’une certaine manière
décadente, l’amour y dévoile ses deux visages: pur et innocent (Gilda),
inconstant et volage (le Duc de Mantoue). La tendresse d’un père (thème
récurrent chez le compositeur) y suscite le crime, pour sa perte. Quand
Rigoletto commande au lugubre Sparafucile, tueur à gages, le meurtre de
son ennemi, le bouffon n’a pas bien mesuré les enjeux de son plan. Au
jeu social, des hypocrisies et des intrigues, celui qui croyait
prendre…. est berné. Atrocement.

Illustration
Giuseppe Verdi (DR)

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