
Créée à Paris, le 23 septembre 1777, Armide fait partie de la série de tragédie lyrique que le Chevalier adapte pour plaire au public français. Esthétiquement, il perfectionne un nouveau style épuré, resserré, résolument inspiré de la tragédie antique, et qui devait tant plaire à Berlioz. Il s’agit pour le musicien germanique de se mesurer au livret de Quinault (sur le même sujet), précédemment mis en musique par Lully en 1686.
Souhaitant dans la voie de son illustre prédécesseur, opérer une réforme de la tragédie lyrique française, Gluck fait bientôt figure, protégé par la Reine de France, Marie-Antoinette dont il fut le professeur de musique à Vienne, de réformateur royal auquel on oppose bientôt un autre compositeur, Piccinini, selon une tradition d’opposition comparative bien française. Gluck d’un tempérament peu spectaculaire, quoiqu’il pouvait se montrer tyrannique pendant les répétitions de ses opéras, préféra laisser à son rival imposé, le soin de triompher (brièvement) avec Roland (1778). Armide créée en 1777 de son côté, affirmait son empreinte sur un livret du Grand Siècle pour lequel il réutilisa bon nombre de mélodies écrites antérieurement, en particulier à l’époque de ses premiers opéras italiens.
Le sujet d’Armide, comme celui d’Alcina offre un prétexte aux musiciens comme aux poètes, d’aborder la figure de la magicienne qui, par enchantements, retient près d’elle, le chevalier Renaud. L’intrigue dépeint en vérité non la dégradation du pouvoir de la dominatrice, la délivrance du guerrier et la fureur impuissante de celle qui se croyait omnipotente.
Avec Felicity Palmer (Armide), Anthony-Rolfe Johnson (Renaud), City of London sinfonia, direction : Richard Hickox.