reportage vidéo
François-Joseph Gossec
Thésée, 1778-1782
Jennifer Borghi, Frédéric Antoun, Virginie Pochon
Chœur de chambre de Namur
Les Agrémens
Guy Van Waas, direction
Guy Van Waas, direction
Thésée de Gossec
un sommet lyrique français des Lumières
un sommet lyrique français des Lumières

L’éclectique aura
traversé régimes politiques et esthétiques diverses dans l’une des
périodes les plus passionnantes de la
musique française, de 1770 à 1830, soit de la fin du baroque aux
prémices romantiques, du néoclassicisme à l’époque des Lumières… jusqu’aux premières contractions révolutionnaires.
Son Thésée (composé et fini dès 1778 à la demande de Devismes) fait la synthèse des esthétiques
majeures à son époque, sous la règne de Louis XVI et de
Marie-Antoinette. Recréation majeure. En lire +
Une œuvre clé. Gossec surprend ici
par le traitement hautement dramatique de l’orchestre : le père de la
symphonie en France convainc par son intelligence de l’orchestration
(flûte piccolo, clarinettes, trombones sont exploités pour leur palette
sonore expressive propre), sa science des étagements dans le traitement »
spatial » des effectifs (chœurs mêlés aux solistes, et même nettement
départagés à l’acte IV quand les armées infernales de Médée s’en prennent
aux Athéniens)…. tout cela dévoile un tempérament taillé pour le
théâtre qui sait traiter les situations avec panache, efficacité,
souvent fulgurance. Le registre de Gossec en cela très fidèle à son
sujet reste la nervosité et la fièvre guerrière que rehausse encore la
figure centrale de Médée, plus barbare et haineuse que dans aucun autre
ouvrage à l’époque (son sadisme même à l’endroit de sa rivale Eglé au III, renforcé par le concours associé du choeur des Démons, est même inimaginable alors): après Gluck, avant Spontini et Cherubini, Gossec
est bien ce champion du pathétique vengeur et barbare: il n’y a guère
que Vogel quelques années plus tard (La Toison d’or, 1786) pour
développer un tel portrait féminin entre fureur et haine… Gossec et
Vogel préparent à la passion romantique pleinement aboutie de la Médée
de Cherubini (1797).
Le gluckisme de Gossec est évident (Pantomine des Démons au III); le compositeur nordique apporte en
France un net progrès poétique et expressif à l’opéra sous le règne de
Marie-Antoinette. La scène y gagne une nouvelle palette émotionnelle et
une esthétique en devenir: le couple amoureux (Eglé et Thésée) paraît
victimisé sous les traits agressifs de la furie; en Médée et ses forces
magiques infernales, il faut voir l’un des derniers rôle à baguette :
menteuse et barbare, celle qui avant Thésée a quitté Jason en tuant ses
propres enfants, redevient à la fin de l’action, celle que tout le monde
rejette, écarte et condamne: une entité dévorée et consumée par la jalousie et le désir de meurtre; même le chœur est un puissant agent de la catastrophe comme des atmosphères tendues et contrastées: il faut un ensemble de choristes particulièrement expert pour porter le souffle des combattants (présents dès l’ouverture en situation), la terreur des Athéniens, le fiel dévastateur des démons suscités par Médée…);
avec Thesée dont le profil ardent, tendre et lui aussi guerrier n’est
pas négligé, Gossec tourne la page de la machine merveilleuse baroque:
il pose les jalons de l’opéra romantique. En lire +
par le traitement hautement dramatique de l’orchestre : le père de la
symphonie en France convainc par son intelligence de l’orchestration
(flûte piccolo, clarinettes, trombones sont exploités pour leur palette
sonore expressive propre), sa science des étagements dans le traitement »
spatial » des effectifs (chœurs mêlés aux solistes, et même nettement
départagés à l’acte IV quand les armées infernales de Médée s’en prennent
aux Athéniens)…. tout cela dévoile un tempérament taillé pour le
théâtre qui sait traiter les situations avec panache, efficacité,
souvent fulgurance. Le registre de Gossec en cela très fidèle à son
sujet reste la nervosité et la fièvre guerrière que rehausse encore la
figure centrale de Médée, plus barbare et haineuse que dans aucun autre
ouvrage à l’époque (son sadisme même à l’endroit de sa rivale Eglé au III, renforcé par le concours associé du choeur des Démons, est même inimaginable alors): après Gluck, avant Spontini et Cherubini, Gossec
est bien ce champion du pathétique vengeur et barbare: il n’y a guère
que Vogel quelques années plus tard (La Toison d’or, 1786) pour
développer un tel portrait féminin entre fureur et haine… Gossec et
Vogel préparent à la passion romantique pleinement aboutie de la Médée
de Cherubini (1797).
Le gluckisme de Gossec est évident (Pantomine des Démons au III); le compositeur nordique apporte en
France un net progrès poétique et expressif à l’opéra sous le règne de
Marie-Antoinette. La scène y gagne une nouvelle palette émotionnelle et
une esthétique en devenir: le couple amoureux (Eglé et Thésée) paraît
victimisé sous les traits agressifs de la furie; en Médée et ses forces
magiques infernales, il faut voir l’un des derniers rôle à baguette :
menteuse et barbare, celle qui avant Thésée a quitté Jason en tuant ses
propres enfants, redevient à la fin de l’action, celle que tout le monde
rejette, écarte et condamne: une entité dévorée et consumée par la jalousie et le désir de meurtre; même le chœur est un puissant agent de la catastrophe comme des atmosphères tendues et contrastées: il faut un ensemble de choristes particulièrement expert pour porter le souffle des combattants (présents dès l’ouverture en situation), la terreur des Athéniens, le fiel dévastateur des démons suscités par Médée…);
avec Thesée dont le profil ardent, tendre et lui aussi guerrier n’est
pas négligé, Gossec tourne la page de la machine merveilleuse baroque:
il pose les jalons de l’opéra romantique. En lire +

Agrémens, Guy van Waas, direction. Chœur de chambre de Namur. Virginie
Pochon, Jennifer Borghi, Frédéric Antoun, Tassis Christoyannis, Katia
Velletaz, Caroline Weynants… France Musique, mardi 19 février 2013, 20h