mercredi 23 avril 2025

Haendel, Rodelinda (1725). En direct du Met de New-York, France musique le 6 mai, à 18h

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Du théâtre à la scène lyrique, les textes gagnent ou perdent de leur efficacité expressive. Lorsque Haendel demande à son librettiste Nicolas Haym de réadapter un livret déjà rédigé par Salvi d’après la pièce de Corneille, Pertharite, roi des Lombards, preuve est donnée que sur la scène lyrique, le sujet prend un nouvel envol.

Le travail du compositeur et de son poète recomposent l’enchaînement des airs, refaçonnent la psychologie des personnages et leur ordre d’importance. Ils réécrivent en particulier le rôle de Rodelinda, figure héroïque de la fidélité conjugale. En dépit des apparences, croyant Bertarido mort, l’épouse lui restera fidèle, quoiqu’il puisse lui en coûter.
La force de l’ouvrage réside dans le soin apporté aux caractères des trois protagonistes : l’épouse éprouvée (Rodelinda), l’amoureux vindicatif (Grimoaldo), l’époux témoin (Bertarido).
Qui saura résister et vaincre ? Chacun éprouve, doute, surtout s’effondre musicalement, comme déchiré par la pression des situations antagonistes qu’il ne maîtrise en rien. Le théâtre baroque excelle à exprimer sur les planches les passions humaines, c’est bien l’essentiel du style d’un Haendel à l’orée d’une carrière éclatante auprès du public Londonien qui assiste à la création de l’ouvrage le 13 février 1725 au Kings’ Theatre. Rompre le cadre des types formatés, inventer de nouveaux caractères, scruter chez les bons comme les ignobles, faiblesses et remords, culpabilité et suspicion, failles et vertiges. Dans le sillon tracé par les œuvres maîtresses des années 1720 (Giulio Cesare, Tamerlano et donc Rodelinda), s’imposeront les drames inspirés de l’Arioste : Orlando, Ariodante et Alcina. Dramaturge exigeant, Haendel l’était tout autant sur le plan des chanteurs et pour sa création, Rodelinda affichait parmi le plateau vocal, trois étoiles de l’époque : la soprano Francesca Cuzzoni dans le rôle-titre, le castrat Senesino (Bertarido) et le ténor Francesco Borosini (Grimoaldo). Sur la scène du Met, Renée Fleming chante Rodolinda, avec la grâce et la tendresse que le public parisien avait acclamé pour Alcina à Bastille.
Humanité éprouvée des caractères, force dramatique de la musique, leçon édifiante du sujet : tout œuvre dans cet opéra à emporter le plaisir et l’adhésion des spectateurs. La distribution de la production new-yorkaise, diffusée ce soir en direct, devrait tenir l’auditeur à l’écoute, même si l’orchestre ne correspond pas aux standards « baroqueux ».

Haendel, Rodelinda. 1725, hwv19. Dramma per musica en trois actes.
France musique, le 6 mai à partir de 18h. Jusqu’à 22h58.
A 18h, actualités lyriques. Puis à partir de 18h30, soirée lyrique par Jérémie Rousseau. Opéra en direct du Metropolitan Opera de New-York.

Avec : Renée Fleming (Rodelinda), Stephanie Blythe (Eduige), Andreas Scholl (Bertarido), Christophe Dumaux (Unoflo), Kobie van Rensburg (Grimoaldo), John Relyea (Garibaldo), Metropolitan Opera Chorus, Metropolitan Opera Orchestra, direction : Patrick Summers.

Discographie
Alan Curtis a enregistré Rodelinda pour Archiv. Une version qui enrichit une discographie étonnament maigre, et qui vient compléter la version de Michael Schneider paru chez Bmg.

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