mardi 22 avril 2025

Haendel, Theodora (1750)En octobre à Lille et à Paris

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L’oratorio est le genre dans lequel Haendel renouvelle son inspiration. L’opéra italien a montré ses limites : hier, aclamé, il n’attire plus les foules. Le compositeur s’est de nouveau illustré dans l’écriture de fresques morales sacrées qui lui permettent d’exprimer avec un feu intact, les passions humaines. Ainsi naîtront, après les chefs d’oeuvre : Israël en Egypte (1739) et Le Messie (1742), de nombreux « opéras religieux » dont, entre autres, Samson (1743), Belshazzar (1745), puis en 1749, Solomon et Susanna. C’est aussi l’année qui voit l’élaboration de Theodora.

Créé à Londres au Théâtre royal de Covent Garden, le 16 mars 1750, – alors que Haendel était âgé de 65 ans-, l’oratorio est d’autant plus singulier dans son œuvre qu’il s’agit de la seule partition sacrée dont le sujet puise dans l’histoire chrétienne.Thomas Morell qui a écrit le livret, s’inspire non pas de Corneille mais du récit moral de Robert Boyle, paru en 1687, « The martyrdom of Theodora and of Didymus ». Haendel compose la matière musicale avant le 31 juillet 1749, en réutilisant des airs antérieurs, et même en puisant dans des duos de Carlo Maria Clari. Malgré une distribution exemplaire où brilla le castrat Gaetano Guadagni (Didymus), aucune des représentations de 1750 ni la reprise de 1755, ne suscita d’intérêt ; Theodora fut même un échec confirmé qui n’altéra cependant en rien, l’affection de l’auteur pour son œuvre.

Pourtant dans cette œuvre grandiose, inspirée par la tendresse humaniste du compositeur, visiblement subjugué par la figure de la sainte martyre du IV ème siècle, l’écriture soigne la signification moralisatrice et exemplaire du sujet : somptueux chœurs des chrétiens, insouciance plus légères des païens, mais surtout, caractérisation toute en nuance et en progression des protagonistes. Aux côtés des deux amants (Theodora/Dydimus), s’affirment les rôles secondaires tout aussi minutieusement décrits : Irène, compagne de Theodora ; Septimius, le frère d’armes de Dydimus et l’inflexible Préfet Valens.
En cela Theodora préfigure l’accomplissement exceptionnel et plus approfondi encore de Jephté, le dernier oratorio de Haendel, créé deux ans plus tard, en 1752. Jephté est composé aux portes de l’abyme : Haendel doit ralentir son rythme de création et même s’arrêter d’écrire, incapable de poursuivre une œuvre fascinante à cause d’une cécité partielle puis complète.

Synopsis
Acte I. Au moment où Rome célèbre l’anniversaire de l’empereur Dioclétien, chacun est invité à sacrifier à Jupiter. Le jeune officier Didymus s’insurge contre la loi romaine qui contraint la liberté de conscience car il s’est secrètement converti au christianisme. Lui répond Theodora qui est arrêtée pour être prostituée dans le temple de Vénus. Inflexible, la jeune chrétienne se prépare à la mort.
Acte II. Didymus qui l’aime, obtient une entrevue. En revêtant de l’officier romain, elle peut fuir la geôle qui l’emprisonne.
Acte III. Libre, Theodora ne peut rester insensible à la tragédie qui frappe son aîmé : Dydimus a été arrêté et condamné à mort. La jeune femme se livre aux officiers et meurt avec Didymus.

Theodora, à l’affiche d’octobre
Deux représentations (par les mêmes interprètes) mettent à l’honneur l’avant dernier oratorio du Haendel de l’ultime maturité.

Geraldine McGreevy, Theodora
Anne Sofie von Otter, Irene
Stephen Wallace, Dydimus
Paul Agnew, Septimius
Matthew Rose, Valens

Orchestre et choeur du Concert d’Astrée
Emmanuelle Haïm, direction

Le 15 octobre

Opéra de Lille à 16h

Le 19 octobre
Théâtre des Champs-Elysées à 19h30

Illustration
Portrait du Fayoum, jeune femme, vers 170 après Jésus-Christ (Paris, musée du Louvre)

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