Hector Berlioz
La Damnation de Faust , 1846
Vlaamse Opera
Gand
Du 7 au 13 septembre 2007
Anvers
Les 16 et 18 septembre 2007
Des Huit Scènes à la Damnation (1829-1846)
Berlioz s’intéresse dès 1827 au mythe de Faust. Lu dans la traduction de Gérard de Nerval, le texte de Goethe inspire l’imagination du musicien qui d’ailleurs écrit à Goethe son enthousiasme. Berlioz songe d’abord à un ballet, compose dans le « style gothique », La Ballade du Roi de Thulé. En 1829, l’ensemble des Huit Scènes de Faust sont élaborées. Berlioz s’enflamme simultanément pour un trame symphonique: La Fantastique en sera l’aboutissement (1830). Le grand oeuvre en gestation prend une forme décisive lorsque le compositeur décide de reformater en 1845, ses huit scènes primitives dans un plus vaste scénario dont découle La Damnation de Faust. Le musicien qui a été échaudé par l’échec de Benvenuto Cellini, et entend « élargir » le champ musical par de nouvelles formes, affine son projet de légende dramatique, jusqu’à la création de La Damnation de Faust, les 6 puis 20 décembre 1846 à l’Opéra-Comique de Paris. Mais l’hiver est rude et le public frileux, plutôt rare. Berlioz est profondément atteint par la désaffection que suscite la partition. « Rien dans ma carrière d’artiste ne m’a plus profondément blessé ». Dure loi qui s’impose au génie solitaire et incompris.
Regard intérieur
Pourtant la lecture musicale que développe Berlioz est l’une des plus originales jamais conduite d’après le mythe goethéen. Plus qu’une illustration concordante sur le plan narratif, Berlioz expose sa compréhension du héros en tableaux intenses, à l’architecture complexe, en visions d’une souveraine liberté de ton et de référence. Avec lui, le propos musical égale en souffle et en suggestion, la prose de Goethe. Compositeur, Berlioz n’en est pas moins grand lecteur, de Goethe donc, mais aussi de Shakespeare et de Virgile. Indépendant et jaloux de sa manière, Berlioz revendique une liberté d’interprétation d’après le Faust de Goethe, lequel imagine une fin heureuse pour Faust.
Berlioz s’accapare le mythe afin de développer ses propres conceptions du fantastique et du ténébreux auquel il ajoute un lyrisme romantique flamboyant, offrant pour chacun des amants, Marguerite comme Faust, des airs symphoniques inoubliables par leur ivresse sensorielle. L’éclairage que porte le compositeur est un regard intérieur qui restitue à chacun des personnages, une exaltation désirante exceptionnelle. Y compris pour le personnage de Mephistofelès, qui complète en acteur principal, le trio des voix.
La Damnation de Faust, légende dramatique en quatre parties, opus 24, H III. Livret de Gérard de Nerval, Almire de Gandonnière et Hector Berlioz. Créée le 6 décembre 1846, à Paris, Opéra-Comique. La partition est dédiée à Franz Liszt.
Illustration
Ary Scheffer, La tentation du Christ (1854)