A 66 ans, le chorégraphe bâlois Heinz Spoerli affirme haut et fort sa maîtrise de l’excellence : selon ses propres termes, il est » créateur de danse », nous dirions un architecte exceptionnel de la ligne et de la fluidité vitale ; formé auprès de l’américain Tod Bolender qui l’emmène à Winnipeg dans le désert de l’ouest canadien. Il dansera ainsi pendant trois ans à Montréal (Grands ballets canadiens, 1963-66).
Sa carrière de chorégraphe débute à Genève en 1972, avec un premier ballet professionnel , » le chemin » ; il a 32 ans. En visionnant la cassette de cette production, l’administrateur du théâtre de Bâle, Werner Düggelin, lui propose immédiatement la direction du corps de ballet : Spoerli accepte et pendant 17 ans, hissera la troupe de danseurs bâlois au niveau de l’excellence. Son style épuré, économe, d’une fulgurance esthétique sans pareil, l’amène à réviser l’art classique, avec une élégance qui n’est pas exempte d’humour… parfois les danseurs sont amenés à jouer en comédiens, permettant ainsi d’élargir leur palette expressive par le corps et sur leur implication totale du jeu …autant de traits d’une inspiration et d’une vision complète qui révèle le talent du « créateur de danse suisse ».
Après Bâle, il reprend au début des années 90, le ballet de Düsseldorf et pendant cinq ans (1991-1996) le conduit là aussi vers une ère de perfection technique et esthétique, lui donnant en création l’un de ses plus beaux ballets sur les « variations Goldberg » de Bach, un compositeur dont il aime à ciseler par la beauté des mouvements chorégraphiés, la grâce des arabesques, ce discours du silence qui plonge dans l’essence de l’éphémère et du fugitif. C’est en 1996, qu’il rejoint à l’âge de 56 ans, il rejoint le ballet de Zürich, une troupe de 40 danseurs. Pour ses soixante ans, il assure au ballet la possibilité de renouveler les talents en soutenant la constitution d’un ballet de danseurs juniors (Junior Ballet). Depuis lors, Spoerli compose de nouveaux ballets sur Mozart et Schnittke, Ligeti et Brahms, Schubert (remarquable création sur le Quintette en ut majeur), Berio et surtout Bach (Suites pour violoncelle) mais aussi revisite les « classiques », Giselle, Roméo et Juliette, Casse-Noisette, le lac des cygnes, ou encore comme Mezzo nous le propose, cendrillon. L’inventivité jamais tarie, l’excellence de la troupe qu’il dirige, l’impose incontestablement comme l’un des plus grands chorégraphes vivants.
Serge Prokofiev
Cendrillon
Ballet de Heinz Spoerli, 2003
Le dimanche 22 octobre à 20h45
Le lundi 23 octobre à 13h45
Ballet (2003, 1h45), réalisation : Andy Sommer. Enregistré a l’Opéra de Zurich avec Karine Seneca (Cendrillon), Stanislav Jermakov (Le Prince), les danseurs du Ballet de Zurich, l’Orchestre de l’Opéra de Zurich, direction : Vladimir Fedoseyev.
Crédit photographique
Portrait de Heinz Spoerli (DR)
Le Ballet de Zürich (DR)