350 ans de la naissance
1659-1795
France Musique
Grands compositeurs
Du 14 au 18 septembre 2009 à 13h
Compositeur pour les rois
On ignore encore beaucoup de choses sur le tempérament exact du compositeur. Fort heureusement, le 10 septembre 2009 marque le 350 ème anniversaire de sa naissance, en 1659. En vérité, Purcell, qui éclaire le monde sombre et convulsif du XVIIème, pendant sa courte vie (36 ans: il meurt en 1695), est un musicien génial dans une époque de transition. Transition politique, économique, sociale car les us sont au changement cyclique qui voit en peu de temps, une tyrannie puritaine tomber pour que naisse le retour à la monarchie, avec les derniers souverains Stuart, Charles II (plutôt francophile et proche de Louis XIV donc fastueux) puis Jacques II, au règne expédié jusqu’en 1688; enfin un nouveau pacte social et politique, une monarchie toujours (protestante) mais de type constitutionnel, marqué par une ère d’austérité moralisatrice (1869-1691).
En homme de son temps, et attaché au service de la Chapelle Royale, comme son père, Henry I (qui meurt quand le fils n’a que 5 ans, en 1664) et comme son oncle Thomas, le jeune Henry, formé et éduqué dans le sérail raffiné de Westminster, satisfait les goûts de l’heure, ce dans tous les domaines: profane voire trivial (les fameux catches, canons à 3 et 4 voix chantés dans les tavernes, aux allusions scabreuses (mais Purcell n’avait-il pas un certain génie pour l’humour?), sacré (combien d’hymnes et d’odes souvent funèbres pour les funérailles des grands princes d’alors, Purcell eut à composer, y compris un Requiem pour la Reine Marie (décédée quelques mois avant lui) qui sera joué le jour de ses propres funérailles, jusqu’au Te Deum des rois anglais (1694), avant que Haendel ne vienne le remplacer…), lyrique enfin car le compositeur fut le plus grand auteur pour le théâtre (c’est même dans les rares théâtres londoniens qu’il donna sa vraie mesure), l’égal en cela de Shakespeare.
Musicien de transition. L’homme se dévoile par son goût pour la vie bien qu’il fut toujours fasciné et inspiré par la mort (ah ses superbes lamentos… écoutez celui de la tendre et suicidaire Didon, lequel conclue l’opéra des opéras purcelliens: Didon et Enée)… jusqu’au fameux air qui l’occupe dans son lit d’agonie, air miraculeux par sa justesse et sa froide et inquiète connaissance de la faucheuse… De Didon et Enée et Dioclétien à The Fairy Queen et The Indian Queen… l’écriture purcellienne montre de réelles affinités pour le mise en musique poétique de la langue anglaise.
Illustration: Henry Purcell (DR)