Paris, Châtelet. Sondheim : Into the woods 1er > 12 avril 2014. Conte musical. Du petit chaperon rouge, et de cent autres drames imaginés par les frères Grimm, pour beaucoup historiettes sans épaisseur voire simplement et strictement anecdotiques, le compositeur Stephen Sondheim et son librettiste James Lapine font plutôt une légende éclectique captivante qui sur les traces du livre de Bruno Bettelheim (Psychanalyse des contes de fées), dévoile la psyché souterraine des êtres, alliant merveilleux, humour et burlesque.
Quatrième volet du cycle Stephen Sondheim au Châtelet, Into the woods plonge dans l’océan des mythes infantiles : le compositeur réinvente les interactions et réécrit l’histoire de Cendrillon, du Petit Chaperon rouge donc, des Trois petits cochon, de Blanche Neige en un méli-mélo truculent, picaresque, tragique. Il ne s’agit pas tant de souligner l’issue heureuse de tous les contes (ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants), mais de souligner les intrigues malhonnêtes pour y parvenir ; et pour beaucoup, l’universalité de scénarios que toutes les cultures partagent.
Pour agglomérer le terreau narratif de ce labyrinthe éclectique, Sondheim et Lapine imaginent un couple certes implanté dans le bois, un boulanger et son épouse, mais dont les préoccupations demeurent urbaines : avoir un enfant, mené et défendre coûte que coûte leur petit bonheur de petits bourgeois. Ils croisent le Petit Rouge ( le fameux Chaperon) qui se fait manger par un loup avant d’en renaître; Cendrillon qui devient princesse ; Raiponce qui est sauvé par un prince… et Jack (celui du haricot magique) par lequel la catastrophe arrive (il a tué le géant dont l’épouse ne tarde pas à réclamer vengeance). Si tout pouvait se conclure sur un happy end à la fin du I, le II est un jeu d’actions mêlées qui fait éclater le cadre des histoires classiques : chacun doit aider l’autre ou s’en détourner. C’est un manège à la magie décalée qui aurait perdu le fil de son déroulement dès son commencement. Le Châtelet s’intéresse à la comédie musicale de Sondheim avant la sortie du film prévu début 2015 (de Rob Marshall avec Meryl Streep et Johnny Depp). Délirant, poétique, enchanteur : Into the woods est créé en France au Châtelet dès le 1er avril 2014. Jusqu’au 12 avril 2014.