mercredi 23 avril 2025

Jean-Baptiste Lully: Cadmus et Hermione, 1673 France Musique, Samedi 26 janvier 2008 à 19h

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Jean-Baptiste Lully
Cadmus et Hermione
, 1673


France Musique
Samedi 26 janvier 2008 à 19h
En direct
de l’Opéra-Comique à Paris


Voilà la réalisation d’un désir ancien: restituer la prosodie et la déclamation spécifique du chant baroque français à l’époque de Louis XIV, en articulier ce fameux récitatif lullyste, tant admiré des écrivains postérieurs, tel Voltaire qui estimait beaucoup les vers de Philippe Quinault, des compositeurs tels Rameau, admirateur de l’équilibre éclatant atteint par son prédécesseur Lully… Pour Vincent Dumestre, fondateur du Poème Harmonique (qui fête en 2008 ses déjà 10 ans d’existence), il s’agit surtout de prologner l’expérience scénique du Bourgeois Gentilhomme, qui marque en 1670, une première étape, expérimentale, dans le travail de Lully sur la scène théâtrale. Avec Cadmus et Hermione, première tragédie en musique de l’histoire, représenté devant le Roi à Paris en avril 1673 (Versailles n’est pas encore la siège de la Cour), le musicien florentin frappe un grand coup: avec la collaboration de Quinault (Molière est mort), il conçoit un nouveau genre dramatique et musical, entièrement chanté, comme l’opéra italien, sans intermèdes et ballets autonomes, sans dialogues parlés: tout y est savamment fusionné dans une première approche d’un spectacle total. Au coeur de cette nouvelle esthétique, la projection du texte, mi chanté mi déclamé dont l’articulation ambitionne d’égaler voire dépasser l’éloquence poétique du théâtre classique contemporain, celui de Racine. D’ailleurs, Lully ne s’est-il pas inspiré de la déclamation des acteurs de Racine pour concevoir avec Quinault son propre récitatif?

Sur la scène de l’Opéra-Comique, dans une salle aux volumes parfaitement adaptés pour ce type de représentation en particulier pour le format des voix et pour leur équilibre avec l’orchestre, Cadmus et Hermione est ressuscité (du 21 au 17 janvier 2008), grâce au particulier à un plateau de chanteurs dominé par deux excellents barytons: André Morsch dans le rôle de Cadmus et surtout, le subtil Arbas d’Arnaud Marzorati. Les deux interprètes allient la noblesse du style et la projection exemplaire du texte, avec une musicalité naturelle captivante. Production événement de la scène baroque, qui confirme aussi un grand retour de Lully sur la scène lyrique parisienne (en janvier, Cadmus et en février 2008: Thésée)… Saluons le discernement de Jérôme Deschamps, directeur des lieux, d’avoir inscrit pour sa première saison le chef-d’oeuvre de Lully… quand l’Opéra de Paris, pourtant héritier de l’Académie royale de musique créée par Louis XIV s’entête à ne programmer depuis des décennies, aucun opéra de Lully, indigne succession!

Illustration: Louis XIV (DR)

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