mercredi 7 mai 2025

Jean-Philippe Rameau, Les PaladinsMezzo, jusqu’au 2 février 2007

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Jean-Philippe Rameau
Les Paladins
, 1760
Le 13 janvier 2007 à 20h45
Le 14 janvier 2007 à 13h45
Le 23 janvier 2007 à 15h30
Le 26 janvier 2007 à 3h45
Le 2 février à 15h39

Production enregistrée au Théâtre du Châtelet à Paris, en 2004. Les Arts Florissants, direction : W. Christie. Mise en scène : Larrieu/Montalvo.
Notre avis sur la production : La production des Paladins revisités par le couple délirant déjanté Hervieu/Montalvo a suscité un enthousiasme immédiat par sa flamboyance visuelle, son invention continue qui associe danse urbaine hip-hop et rap, et irrévérence facétieuse des rythmes de la musique de Rameau. Après les splendeurs du Grand Siècle d’Atys de Lully, il semblait alors que le Baroque universel pouvait être aussi acclimaté à la sauce contemporaine, et rétablir culture élitiste et tendances « djeuns », celles de la rue. Rameau, musicien de Louis XV, en casquette et jean baskets? C’est le chemin qui mène par Vaux et Versailles, à la Cour de Louis XV, en passant étape désormais obligée, par Créteil. Certes, le dispositif est un feu d’artifice constant, qui insiste davantage sur le spectaculaire de l’action que sur le chant et la musique pure. Ce « déballage » , bestiaire et morphing illimité, portraits en plan rapprochés d’une jeunesse militante, style campagne Benetton, aurait-il plu à monsieur Rameau, plus occupé par sa musique que par la vraissemblance du drame scénique ? Reste que l’objet mi chorégraphique mi plastique et visuel signé Hervieu/Montalvo exprime jusqu’à ses limites, les options parfois radicales d’une mode. A défaut d’être pleinement captivés, on se laisse prendre par les »trouvailles » gestuelles. Côté voix, deux chanteurs relèvent le défi de la production comique et physique, le jeune Topi Lehtipuu, et l’irrésistible Sandrine Piau, à son aise dans les airs de coquette taquine. Avoir indiscutablement pour connaître, à défaut d’être touché.

L’oeuvre : contexte et genre

Comédie lyrique, qui allie la musique, le théâtre et la danse, Les Paladins sont créés avec un succès très modeste, le 10 février 1760. C’est une oeuvre tardive dont l’éclectisme et la flamboyance féerique ne furent pas compris à l’époque de Rameau. Mais Les Paladins ne sont pas la seule partition du musicien, en avance sur leur temps. Le librettiste de Rameau, Monticourt, s’inspire de La Fontaine, en particulier du conte : « Le petit chien qui secoue de l’argent et des pierreries« . Mais La Fontaine s’inspirait lui-même de l’Arioste. A la trame originelle, de nombreux épisodes sont ajoutés… en résulte une intrigue impossible, « décousue » et « inepte » si l’on s’en rapporte aux critiques de l’époque qui fustigèrent tout autant, la musique, d’une faiblesse insupportable. De fait, l’oeuvre disparut de l’affiche, -pour n’y plus jamais revenir-, le 20 mars 1760.

Une partition où la musique souveraine mêle les genres poétiques

En 1760, la Querelle des Bouffons a eu lieu, opérant une distinction emblématique dans le goût du XVIII ème siècle : comédie ou tragédie, intrigue fraîche et domestique, ou épopée superfétatoire et héroïque… Or Rameau qui aima troubler son monde, et guerroyer avec Rousseau, s’ingénie ici à brouiller les pistes, opérer une combinaison inédite et sans limites du chant, du théâtre, de la danse, et associer les registres poétiques : merveilleux, exotique, pastoral, parodique, comique et sérieux. Au final, l’humour l’emporte souvent.
En définitive, Rameau espiègle, revient au délire de son opéra antérieur, Platée (1745). Aux côtés des évidentes prouesses caricaturales dans lesquelles Rameau parodie le chant amoureux (Nérine au geôlier…), le musicien redouble d’inspiration dans les entrées chorégraphiques : il excelle dans le rythme et les évocations dansantes. Entrées des paladins, entrées des troubadours, entrée des Chinois… le feu de la musique embrase la scène. Exceptionnel orchestrateur, Rameau déploie une science des timbres associant aux cordes, clarinettes (comme dans Zoroastre), cors, bassons… L’orchestre moderne puise ses racines dans Les Paladins.

Crédits photographiques
Les Paladins, 2004 (DR)

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