Vienne au XVIIIème siècle
La musique de Cour à l’époque de Marie-Thérèse et de Joseph Haydn
Quand Haydn compose, l’époque est celle du règne de Marie-Thérèse, puis
Joseph II, et Leopold II, des monarques certes à tempérament mais dont
les affinités musicales ne sont plus aussi vives que celles de
leurs prédécesseurs, en particulier au 17è, Leopold Ier et ensuite,
Charles VI, le père de l’Impératrice Marie-Thérèse. Haydn incarne
cependant l’excellence de la culture « viennoise », -germanique-, depuis
ses fonctions comme compositeur officiel des Esterhazy, en Hongrie.
Haydn est bien le plus grand compositeur germanique du XVIIIè, quand
depuis longtemps, malgré les styles de Fux ou Schmelzer, c’était
surtout les Italiens qui dominaient le goût officiel…
Tradition musicale à Salzbourg et à Vienne
Depuis le 17è siècle, Vienne aux côtés de Salzbourg et ses princes-archevèques fastueux dont le plus emblématique, Marcus Sitticus (circa 1612-1619, créateur de la villa d’Hellbrunn vers 1615), développe une splendide politique culturelle, en particulier dans le goût italien. Ferdinand II, Ferdinand III (qui épousèrent des princesse Gonzague), puis Leopold Ier, Joseph Ier et Charles VI sont des souverains mélomanes, praticiens, chefs d’orchestre et même compositeurs! Leopold Ier féru de partitions, et dont la seconde épouse Claudia Felicitas de Tyrol jouait et chantait-, collectionne celles de ses contemporains comme Legrenzi, Stradella, Carissimi, Pasquanini… Nulle dynastie impériale n’égale dans le monde, une telle affinité entre politique et musique, que celle des Habsbourg à l’époque baroque. En invitant les meilleurs décorateurs et architectes, les meilleurs interprètes et compositeurs (surtout italiens), les Empereurs viennois participent activement à l’essor des arts baroques, en particulier l’opéra. Opéras circonstanciels mais aussi accomplis sur le plan poétique tel Costanza e Fortezza de Johann Joseph Fux, composé pour le couronnement comme roi de Bohême à Prague, de Charles VI en 1723, et représenté dans un théâtre à ciel ouvert, conçu par Giuseppe Galli-Bibiena au Hradschin (Palais Royal).
Repli de la vie musicale sous Marie-Thérèse
Ce XVIIIè flamboyant est celui des compositeurs officiels de la Cour Impériale: après les sommités telles Bertali ou Sances au 17è, Fux (Hofkapellmeister de 1715-1741, simultanément à son poste de Domkapellemeister à Saint-Etienne), le vénitien Caldara (vice Hofkapellemeister jusqu’en 1736), illustrent l’art de cour à l’époque de Charles VI. Pietro Métastase (mort en 1782) devient à la succession de Zeno (également nommé à ce poste en 1718), poète officiel à la Cour Impériale dès 1729: il fournit les livrets des opéras serias selon l’esthétique des lumières: grandeur morale et vertus héroïques des Grands qui nous gouvernent (renoncement, clémence, pardon, constance, honneur, loyauté…)
Les Italiens dominent la place et le goût impérial des Habsbourg. Les rares mais présents compositeurs germaniques tels Fux, Schmelzer ou Wagenseil, mais aussi Kerll, Gottlieb Muffat (le fils de Georg) illustrent une réelle vitalité de l’écriture authentiquement viennoise, que Haydn portera à son point le plus accompli, en particulier dans le domaine de la Symphonie et du Quatuor, mais aussi pour le piano (du moins le clavier), dans la forme Sonate; Mozart sait en revanche prendre le leadership en matière de Concerto pour piano et orchestre. Marie-Thérèse ne se passionne pas autant que son père pour la musique, et la vie musicale connaît un repli dans son activité. Même s’il ne compose pas directement pour la Cour Impériale et à Vienne, Haydn, musicien serviteur des Princes Esterhazy en Hongrie, incarne cependant l’essor de la première école viennoise, avec son cadet prodigieux, le divin Mozart.
Illustrations: Johann Joseph Fux, l’Impératrice Marie-Thérèse (DR)