Jules Massenet
Manon, 1884
Natalie Dessay, Manon
Rolando Villazon, Des Grieux
Mezzo
Le 20 octobre 2007 à 20h45
Le 21 octobre 2007 à 13h45
Le 30 octobre 2007 à 15h45
Le 9 novembre 2007 à 15h40
Opéra enregistré au Liceu de Barcelone, en juillet 2007.
A partir du 20 octobre 2007, Mezzo diffuse l’une des productions 2007 (juillet) les plus abouties de la dernière saison lyrique, en provenance du Liceu de Barcelone: Manon (1884) de Jules Massenet (1842-1912), d’après le roman de l’Abbé Prévost (1731). La mise en scène de David Mc Vicar évite l’évocation sucrée du Paris baroque. C’est une immense arène, sorte de théâtre dans le théâtre qui sert de décor aux amours pathétiques et tragiques de Des grieux et de la belle mais trop faible Manon.
Le metteur en scène organise les mouvements de foule comme des sources d’enchantement pour la jeune femme, impressionnable. Manon, c’est Natalie Dessay: fragilité, sensualité, désir et inconstance. Des Grieux est de son côté campé par le ténor mexicain, Rolando Villazon, soit un duo de charme et de choc, dans une production admirablement menée.
Mc Vicar a le sens de l’action (dans le Paris de 1721), laissant explicite au travers des cinq actes, l’intrigue principale tout en restituant l’agitation permanente et sonore des scènes et personnages secondaires. Ce sentiment de vertige et de confusion qui saisissent pour ne plus en démordre, l’esprit de Manon est idéalement exprimé. Ainsi, dans l’auberge du premier acte, puis au Cours la Reine (III: véritable fresque sociale parisienne qui est aussi l’apothéose de Manon, en tant qu’icône de la jeunesse et de la beauté), agitation collective du tripot dans l’Hôtel de Transylvanie… les scènes de genre comme le portrait psychologique de la passion amoureuse sont parfaitement comprises, à la façon du regard fouillé et dans le même temps synthétique du peintre rocaille, Jean-François de Troy. Villazon comme Dessay savent composer. Leur duo était aussi attendu que celui formé par le ténor mexicain avec l’autrichienne d’origine russe, Anna Netreko.
L’engagement total qu’y apportent les deux artistes donnent corps au portrait grandissant de la passion romantique des jeunes gens. Villazon gradue son expressivité tout au long de l’action, donnant à l’envolée émotionnelle et radicale de son personnage, les étapes successives d’un foudroiement des sens. Plus volage, jusqu’au duo à Saint-Sulpice,
Natalie Dessay étincelle par l’agilité claire et articulée de son timbre diamantin. Elle est aussi capable d’infléchir cette élévation vocale dans les gouffres amers du regrets, des remords, puis de la punition fatale. N’est ce plus ma main, puis les épreuves sur la route du Havre, sont de ce point de vue anthologiques. De son côté, le chef Victor Pablo Perez s’il glisse parfois sur la délicatesse et la transparence, ne manque pas d’allure et d’autorité, restituant surtout aux scènes de foule, leur plein volume expressif.
Le chef d’oeuvre de Jules Massenet revit dans une réalisation intelligente. C’est l’événement lyrique de la rentrée sur Mezzo. Donc incontournable. Le dvd devrait sortir prochainement chez Emi Classics.
Avant l’opéra, le documentaire
Le 20 octobre 2007, avant la diffusion de l’opéra proprement dit, Mezzo diffuse en « prélude », le documentaire d’Esti (inédit), à partir de 20h: « Natalie Dessay et Rolando Villazon: Manon à Barcelone ». La caméra suit la soprano dans sa loge, au maquillage, sur la scène, pendant les répétitions avec Rolando Villazon, sous la conduite du metteur en scène David McVicar. Tout savoir de la programmation Natalie Dessay sur Mezzo, connaître les rediffusions du documentaire: « Natalie Dessay et Rolando Villazon: Manon à Barcelone« .
Crédit photographique
Natalie Dessay © S. Fowler