mardi 22 avril 2025

Julia Lezhneva chante Rossini1 cd Naïve

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Récital lyrique
superlatif… Les héroïnes rossiniennes qu’a choisies avec une audace
déconcertante, au regard de son jeune âge (22 ans) Julia Lezhneva
annoncent directement les Lucia et Elvira belliniennes et
Donizettiennes… C’est dire dans quelle arène lyrique nous nous
situons: subtilité, agilité, sobriété, naturel… tout cela, la jeune
diva le maîtrise sans peine.

A star is born

Retenez bien ce nom: Julia Lezhneva. Malgré sa figure
ronde de poupée adolescente, la jeune soprano russe, née à
Loujno-Sakhalinsk en 1989, déploie dans ce premier récital
discographique, un vrai tempérament dramatique, certes, débuts oblige,
plus convaincants dans l’effusion sombre et doloriste (Elena de la Dame
du lac ou Pamira du Siège de Corinthe…) que dans la subtilité comique
(Cenerentola): le seria rossinien, tissé dans l’élégance aristocratique
la plus altière, nourri par cet idéal belcantiste d’un Rossini d’un
raffinement unique, lui va sans équivoque. Aucune réserve donc pour les
incarnations de princesse de haute lignée: solitaires et malheureuses,
blessées et sacrifiées mais toujours dignes, comme poétiquement
distanciées.

Les héroïnes rossiniennes qu’a choisies avec une audace déconcertante,
au regard de son jeune âge (22 ans) Julia Lezhneva annoncent directement
les Lucia et Elvira belliniennes et Donizettiennes… C’est dire dans
quelle arène lyrique nous nous situons: subtilité, agilité, sobriété,
naturel… tout cela, la jeune diva le maîtrise sans peine. Si l’on
souligne sa jeunesse, la beauté du timbre subjugue immédiatement:
égalité des registres, projection sûre et intense, aigus couverts,
vocalises très en place (Cenerentola), agilità de très haut vol (à peine
démonstratif, toujours idéalement placée), surtout amplitude vocale
digne des grandes interprètes. Mais à 22 ans, sa Mathilde (Guillaume
Tell) accuse un français aléatoire qui manque, intonation perfectible,
de trouble et d’inquiétude: plus poseuse qu’actrice, Julia Lezhneva a
encore du métier à accomplir.
Cette seule réserve n’ôte rien à notre enthousiasme total: le registre
seria rossinien lui va comme un gant et au sommet de ce récital, sa
Semiramide exprime toute la noble agitation de la reine babylonienne,
toute émue à l’arrivée imminente de son élu, le bel Arsace… Bel
accomplissement aussi (déjà) pour une Desdemona de l’Otello, songeuse,
ardente, et tendre, en accord avec la harpe doloriste et nostalgique
(l’instrument revient pour l’extase, éplorée mais stylée de Pamira à
Corinthe…

On scrute désormais ses prochains rôles scéniques: Rossini, Bellini,
Donizetti…? La cantatrice avait déjà donné un aperçu de son art vocal
dans l’opéra de Vivaldi, Ottone in Villa sous la direction de Giovanni Antonini.

Certes
le Sinfonia Varsovia n’est pas un orchestre réputé pour son élégance
raffinée, mais la maestro Minkowski sait en tirer de louables couleurs
(les bois profonds de la prière de Mathilde), par contre, quelle
lourdeur et quel effort (qui patine) dans une ouverture de la
Cenerentola, bien amidonnée, en manque de souffle, ne nervosité, comme
de légèreté !

Julia Lezhneva, retenez ce nom: il est promis à une
carrière exceptionnelle… si la diva conserve cet éclat vocal tout en
approfondissant la vérité de ses personnages. Mais déjà chanter Rossini,
à son âge, avec autant d’aplomb, relève d’un accomplissement admirable.
Une nouvelle étoile du chant est née.

Julia Lezhneva, soprano. Rossini (1792-1868), airs d’opéras:
La donna del Lago, Guillaume Tell, Semiramide, Otello, Cenerentola,
L’Assedio di Corinto. Sinfonia Varsovia. Marc Minkowski, direction

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