mardi 22 avril 2025

Karajan au dvd. Notre sélection

A lire aussi

Sélection dvd
Avril 2008, le centenaire Karajan bat son plein. Les hommages, célébrations mais aussi rééditions pleuvent pour le bonheur des nostalgiques et des admirateurs du chef autrichien, décédé en 1989. Voici pour mieux vous repérer dans le foisonnement des offres dvd, notre sélection des meilleurs témoignages par l’image. Aux titres incontournables, nous avons aussi ajouter des témoignages moins « immédiatement convaincants », mais propices pour une juste connaissance de la direction du chef. Et pour restituer l’évolution du style Karajan, notre présentation suit la chronologie des enregistrements. Le choix des réalisateurs importe beaucoup: en maître absolu, Karajan a voulu diriger les musiciens comme les équipes des techniciens de l’image. Sollicitant le concours de Clouzot, puis de Niebeling, le cinéaste Karajan a conçu ensuite, sa propre manière, au service de sa propre conception musicale… image, son, conception filmique, Karajan a tout pensé, mesuré, choisi. C’est pourquoi tous les films qui le représentent, communiquent sciemment une vision spécifique de la musique, et surtout de celui qui en permet la « révélation » pour tous: le chef.


1967

Verdi: Requiem.
Voici la première réalisation filmique de
Karajan, en couleurs, avec encore à la fin des années 1960, la
contribution avisée et professionnelle de Henri-Georges Clouzot.
Parmi les solistes, en plus des excellents Nicolaï Ghiaurov, Fiorenza
Cossoto, et la solaire Leontyne Price, le jeune Pavarotti, qui remplace
Carlo Bergonzi, porté pâle, incarne une énergie humaine, tendre,
lyrique, absolument confondante. Ce témoignage est l’un des plus
saisissants de la collaboration Clouzot/Karajan, qui a compté avant en
noir et blanc les fameuses recréations visuelles en noir et blanc
d’après la Cinquième de Beethoven et la Huitième « Nouveau Monde » de
Dvorak. Le duo allait se quitter en 1969, avant qu’au début des années
1970, le maestro désormais seul maître à bord, ne dirige et ne
réalise, en expert de son et donc de l’image, l’ensemble de ces
captations audiovisuelles. Précisons qu’avec le recul, au moment du premier visionnage après le montage des plans réalisés, Karajan jugea le travail de l’équipe Clouzot, « indigne » de l’interprétation musicale: plans incertains, caméra tremblante… le film milanais devait marqué la dernière collaboration du chef avec le cinéaste français (1 dvd Deutsche Grammophon).



1968

Pagliacci (Leoncavallo), Cavalleria Rusticana (Masacagni)
sont
réenregistrés en studio à Milan, deux ans après leur représentation
mythique à la Scala. Mais la mise en scène originelle de Strehler a été
réécrite (Paggliacci) dans les décors de Wakhevitch. La direction
de Karajan captive de bout en bout par ses respirations, sa vision
dramaturgique, son architecture de la gradation psychologique, qui
compensent souvent le classicisme, certes léché mais parfois un rien
statique de la mise en scène et du jeu des acteurs. De leurs côtés,
Vickers et Kabaivanska dans Paggliacci, et Cossoto dans Cavalleriana
offre chacun, une performance intense grâce à la
complexité et la richesse émotionnelle qu’ils apportent à leur
incarnation. Témoignage incontournable du Karajan scaligène dont la
baguette dramatique s’accorde à la ciselure incarnée des chanteurs (1
dvd Deutsche Grammophon).


1973

Les quatre Symphonies de Brahms
s’écoulent comme une lave
tragique et tendre, désespérée et lyrique dont chaque arête sous la
coupe d’un Karajan aussi flamboyant qu’habité, dévoile les affres de la
vie intérieure, l’expérience ultime de la vie humaine. Chef et Berliner
Philharmoniker dont il est directeur « à vie » depuis 1955, soit 17 ans
au moment de l’enregistrement, s’accordent à merveille, fusionnés, en
un dialogue du silence, et de la compréhension éprouvée, miraculeuse,
comme le montre la direction, yeux fermés. Un témoignage exceptionnel,
de surcroît sous les éclairages sertis, orfèvrés d’Ernst Wild, qui
signe la photographie de tous les films karajanesques majeurs des
années 1970 (2 dvd Deutsche Grammophon).

1978

Wagner: Das Rheingold
. avec Thomas Stewart, Brigitte
Fassbaender, Peter Schreier, Jeannine Altemeyer, Zoltan Kelemen…
Berliner Philharmoniker. Costumes: Georges Wakhevitch. Etape
essentielle du Ring de Karajan présenté lors du Festival de Pâques
1973, cette réalisation vidéo, réalisée en novembre 1978, reste
captivante par la cohérence et l’esthétisme visuels de l’approche.
C’est un film d’opéra, et non pas un opéra filmé: l’exigence de Karajan
s’y manifeste dans chaque plan avec un relief renouvelé apporté grâce
aux plans serrés que permet la caméra. De ce point de vue, sans disposer de chanteurs fulgurants, l’approche musicale autant que visuelle du Karajan, chef-cinéaste s’impose par son approfondissement quasi chambriste des caractères. A noter, le Loge hallucinant,
pervers et machiavélique, prince manipulateur de Peter Schreier dont la
présence se détache du reste de la distribution… une révélation concernant la carrière et les choix de rôles de la part du ténor allemand. Il est intéressant de noter qu’à la même période se réalise un tournage cinématographique et lyrique d’envergure, le Don Giovanni de Mozart, dans la réalisation éblouissante de Joseph Losey (1 dvd Deutsche
Grammophon).

1978, 1979

Voici dans ses meilleures années fimées, le chef brucknérien,
à la tête de ses équipes viennoises, capable yeux fermés, comme à son
habitude pour les programmes purement symphoniques, d’exprimer les
profondes blessures et les déflagrations personnelles de Bruckner
(Symphonie n°8 enregistrée dans l’église que Bruckner a
particulièrement marquée, Saint-Florian de Linz en 1978), mais aussi
sachant trouver, et tout obtenir du choeur (ses chers Wiener
Singverein) et du Wiener Philharmoniker. Le Te Deum occupe sa place
traditionnelle comme utlime mouvement de la 9ème: solistes et choeur
savent sous la tutelle du maestro habité, telle une formidable instance
spirituelle, écouter l’orchestre et vice versa. Nuances, articulation,
murmures incarnés: orchestre, choeur et orchestre se montrent d’un rare équilibre, totalement inféodés à la recherche de profondeur et d’intériorité du chef. La lecture approche la perfection ( 2 dvd Deutsche
Grammophon).

1979

Festival de Pâques, Salzbourg. Karajan dirige une oeuvre qui lui est
chère, au même titre que La Création de Haydn ou le Requiem de Verdi:
la Missa Solemnis de Ludwig van Beethoven.
Saluons toujours la recherche du beau son, et aussi cette articulation
parfois âpre, comme radicale et définitive de la direction: parmi les
solistes, les chanteurs complices s’engagent au service du maître
offrant le meilleur du chant humain. Un chant fraternel qui caractérise
les intentions musicales de Beethoven dans l’une de ses partitions les
plus ambitieuses et les plus monumentales. A ce titre, la prestation du
baryton José Van Dam éblouit. Et dire que l’interprète réalise à
la même époque, son époustouflante incarnation de Leporello dans Don
Giovanni de Mozart, sous un autre oeil exigeant et « inventif », celui de
Joseph Losey. Incroyable époque! (1 dvd Deutsche Grammophon)

2008

« Karajan ou la beauté telle que je la vois ». Un film de Robert Dornhelm (2008) (1 dvd deutsche Grammophon). Le centenaire du maestro méritait bien un document inédit de surcroît pertinent ni partisan ni commémoratif à outrance. DG a réussi son hommage. Personnalité complexe que celle de Karajan dont la richesse du legs
musical continue aujourd’hui d’occuper nos jours et nos nuits. Depuis
le début du mois d’avril 2008, (le 5 précisément marque le centenaire
de sa naissance), éditeurs de tous genres (cd, dvd, livres) célèbrent à
juste titre, celui qui a définitivement affirmé sa marque comme chef
d’orchestre le plus célèbre de la deuxième moitié du XXème siècle.

Le portrait documentaire de Robert Dornhelm, qui
profite en extraits de tout le fonds filmique de DG, met surtout
l’accent sur l’esthète: un homme de goût, à l’inflexible et super-active
passion pour la musique qui était selon lui, l’expression de la beauté.
Plus qu’un homme, Karajan est une exigence, un idéal et un système.
Chacun parmi les témoins: et non des moindres, tels Solti, Osawa,
Jansons, Thieleman…, le réalisateur Humphrey Burton, Placido Domingo,
Christa Ludwig, René Kollo, Gundula Janowitz, … confirment les
diverses facettes d’un profil pluriel dont le perfectionnisme
terrorisait, le métier impressionnait… Les uns parlent de la
pulsation et de l’agressivité de sa direction (Rattle), les autres de
sa propension à ralentir (Anne-Sophie Mutter, Evgueni Kissin)… Lire notre critique complète de Karajan ou la beauté telle que je la vois. Film de Robert Dornhelm, 2008 (1 dvd Deutsche Grammophon)

Chroniques dvd à venir…

Tchaïkovski: les Symphonies n°4, 5 et 6
(1 dvd Deutsche Grammophon)

Derniers articles

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img