Kazushi Ono, chef
Bruxelles, Bozar
Le 15 juin 2008 à 20h
Richard Strauss: Ein Heldenleben (1899), Duet-Concertino (1947)
Olivier Messiaen: Couleurs de la cité céleste (1963)
Jan Michiels, piano. Ivo Lybeert, clarinette. Dirk Noyen, basson
Orchestre Symphonique de La Monnaie
Actuel directeur musical de la fosse bruxelloise, Kazushi Ono (48 ans, né à Tokyo le 4 mars 1960), futur chef principal de l’Opéra de Lyon, mêle Messiaen et Strauss, deux peintres musiciens traversés par une même exigence spirituelle (qu’interpelle la question de l’au-delà) mais que les langages respectifs distinguent quelque peu. Dans Couleurs de la cité céleste, Messiaen compose un vitrail flamboyant où l’on peut aussi distinguer le chant d’un oiseau qu’il a entendu à Bali. Composé en 1963, avant son premier voyage au Japon, la partition se lit comme une cathédrale, comme le témoignage d’un croyant fervent qui cependant atteint un hymne universel, dépassant toute contingence religieuse. Ici aucune corde, mais une palette sonore riche de percussions qui nous parlent de lumière. Le mysticisme du compositeur ne connaît pas de frontières et la musique exprime au mieux cet élan vers l’infini. Pareil aspiration vers l’absolu se lit aussi dans le finale d’Une vie de héros de Richard Strauss, que le chef de l’Orchestre Symphonique de La Monnaie a choisi d’associer à l’oeuvre de Messiaen.
Le Duo concertant (1947), à la fois double concerto et symphonie concertante, également au programme de ce concert Messiaen/Strauss permet aux musiciens de l’Orchestre de faire valoir leurs capacités solistiques: l’oeuvre est écrite pour clarinette, basson, harpe et orchestre de cordes, « une oeuvre néoclassique, de style relativement baroque », précise le chef. De fait, ses parures mélodiques et ses enchaînements harmoniques rappellent l’élégance et cette grâce à la fois tendre, lumineuse et nostalgique de Capriccio et de Daphné. La partition est rarement jouée car elle exige beaucoup des instrumentistes ainsi mis en avant. Ecrit deux ans avant sa mort (1949), le Duo exprime comme Metamorphosen, l’un des volets du testament artistique de Richard Strauss.
Voici, selon le voeu du chef, trois oeuvres qui témoignent de la diversité artistique du XXème siècle: romantisme tardif et wagnérien avec Ein Heldenleben, prémices modernes après la première guerre dans le Duett-concertino, enfin esthétique de l’après seconde guerre mondiale avec Couleurs de la cité céleste…