lundi 5 mai 2025

Kenneth Branagh réenchante la Flûte de Mozart (2/2)1 dvd (France Télévisions éditions)

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Les atouts d’une partition revisitée
Au final, voici une succession de tableaux fleuris (c’est à dire d’un kitsh typically british), qui jonglent avec la fantaisie et l’humour, tout en portant ce message d’amour et de fraternité auquel était si attaché Mozart l’humaniste. Sans jamais épuiser la magie intrinsèque à la partition, les drôleries de Branagh n’aspirent qu’à une chose: pousser le drame vers la facétie faussement légère, rendre vivant ce conte enchanteur hérité des Lumières, nous toucher tout simplement. La verdeur de certains chanteurs (la distribution est en majorité constituée de jeunes comédiens et chanteurs inconnus) étant compensée par la fort belle allure du Sarastro de René Pape, acteur né qui passe naturellement le pas des planches à l’écran, font partie de la proposition. Que l’on aime ou non, ensuite,… l’apparition de la Reine de la nuit traitée en hystérique belliqueuse, … cette bouche immense dans laquelle se perd Papageno (assez libidineux), n’est que broutille.
Grâce à Kenneth Branagh qui n’avait jamais abordé d’opéra jusque là, Sir Peter Moores, directeur de la fondation éponyme et commanditaire du film, tient son film sous un regard neuf. Une production dont la magie et la sincérité s’adressent d’abord à tous ceux que le nom de Mozart attire. Les spécialistes et mélomanes plus conservateurs s’enfuiront, choqués par une telle licence. Au pupitre, James Conlon, ex directeur musical de l’Opéra de Paris, dirige le Chamber Orchestra of Europe. Sans être d’une articulation transcendante, la baguette du chef se montre efficace, comme elle le fut pour une autre production filmique d’après un opéra, Madama Butterfly de Puccini, réalisé par Frédéric Mitterand. Qu’en sera-t-il des ventes du dvd? Le film quant à lui, même en période de Noël, n’avait guère suscité l’engouement escompté (décembre 2006).
Le spectateur séduit tirera bénéfice des bonus dont un documentaire habile qui suit le processus de fabrication depuis l’écriture des dialogues, la sélection des chanteurs, les premières répétitions, le tournage. Evoqué du point de vue du réalisateur, Kenneth Branagh, le propos gagne en piquant car comme depuis un certain Don Giovanni de Mozart réalisé par Joseph Losey, rien n’est plus improbable que le mariage des faiseurs d’images et des musiciens… Or ici comme là, le résultat semble avoir nettement passé l’épreuve des oppositions stériles, même si parfois il y eut quelques tensions… fécondes.

Mozart, La Flûte Enchantée. Réalisation, scénario : Kenneth Branagh.Livret original : Emanuel Schikaneder. Adaptation anglaise : Stephen Fry. Joseph Kaiser (Tamino), Amy Carson (Pamina), Benjamin Jay Davis (Papageno), Lyobov Petrova (La Reine de la nuit), René Pape (Sarastro) et Silvia Moi (Papagena). Chamber Orchestra of Europe. James Conlon, direction musicale. Coffret dvd comprenant le film (2h13mn), le documentaire sur la genèse de la production cinématographique, le cd audio de l’histoire de La Flûte, récitée par Kenneth Branagh (1h19 mn), France Télévision éditions.

Crédit photographique
Kenneth Branagh, Les Films du Losange © 2006

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