Le Sacre du printemps
Soirée du centenaire
1913 – 2013
En direct du TCE à Paris
Le 29 mai 1913, sur la scène du tout nouveau Théâtre des Champs Elysées à Paris (dirigé par Alexandre Astruc) est créée par les Ballets Russes une œuvre phare du XXème siècle : le Sacre du Printemps. C’est pour Stravinsky, jeune trentenaire russe exilé, l’aboutissement de sa collaboration comme compositeur de ballets pour Diaghilev et sa troupe des Ballets Russes. Avant Le Sacre du printemps, il y eut L’Oiseau de feu (encore post romantique et très Rimsky-Korsakov), puis Petrouchka (géniale assimilation du folklore russe dans le registre printanier, malgré l’histoire tragique de la marionnette humaine). Le Sacre avec ses convulsions rythmiques, ses audaces instrumentales (Stravinsky fait siennes les avancées de la facture française), sa géniale coupe séquentielle qui pourtant suit parfaitement le drame imposé par l’intrigue du ballet renouvellent totalement le langage musicale : un manifeste pour la modernité qui révolutionne l’art et la culture européenne comme l’a fait Picasso en peinture, avec première oeuvre cubiste, Les Demoiselles d’Avignon de 1907… qui préfigure le fauvisme expressionniste et multidirectionnelle, essentiellement expérimentale du Sacre de 1913.
100 ans après sa création, jour pour jour, le Théâtre des Champs Elysées célèbre ce double anniversaire au cours d’une soirée de gala exceptionnelle qui fête à la fois le centenaire du Théâtre et celui de la chorégraphie de Nijinski sur la musique d’Igor Stravinsky. La version présentée reconstitue le ballet originel de Nijinsky avec les décors et les costumes de la création. Gestes saccadés, poings levés ou pieds rentrés, la chorégraphie de Nijinsky, retrouve ce goût de la modernité affleuré dans Prélude à l’Après-midi d’un faune de Debussy, et dépasse largement ce qu’il avait pu développer sans convaincre dans Jeux du même Debussy. En mai 1913, Nijinsky réinvente le langage du ballet, trouvent des effets et une gestuelle inédits inspirés des peintures grecs antiques : pose de profils favorisées, paumes des mains planes vers les spectateurs… Pour nous c’est surtout la seconde partie du ballet (Le Sacrifice) qui demeure le plus impressionnant où s’impose le groupe des adolescentes d’où émerge l’Elue… qui sera sacrifiée en fin de partie, en une transe animale et convulsive pour que renaisse le printemps. Le spectateur d’aujourd’hui redécouvre la sauvagerie visuelle d’un spectacle qui fit scandale : les costumes rappellent les amérindiens, tribus de chasseurs primitifs ( le décor du premier tableau évoque ce contexte cynégétique), les attitudes outrées, les sauts imprévus, la silhouette démembrée de certains danseurs s’accordent sans l’épuiser à l’énergie animale de la musique toujours aussi percutante et hypnotique.
Filmée en direct sur Arte, il y sera représenté sur les lieux même de sa création la version du Sacre de 1913 puis un nouveau « Sacre » chorégraphié par Sasha Waltz. C’est au corps de ballet et à l’orchestre du Théâtre Marinsky de Saint Peterbourg, dirigé par le maestro Valery Gergiev, que revient le privilège de fêter l’événement.
Pendant l’entracte, diffusion d’un court documentaire de 26 mn diffusé pendant l ‘entracte, l’histoire de la création et du théâtre parisien.
Réalisation : Olivier Simonnet (France, 2013, 1h46mn)
Camera Lucida productions, ARTE France
Corps de ballet et Orchestre du Théâtre Marinsky de Saint Petersbourg
Direction : Valery Gergiev