Leon Fleisher, piano
Arte
Dimanche 28 septembre 2008 à 19h
Concert, portrait. Leon Fleisher, piano. « A fleur de touches »
(2008). Portrait, concert. Ecrit et réalisé par Mark Kidel.
Coproduction : ARTE France, Les Films d’Ici (2008, 43 mn)
Leon Fleisher, à fleur de touches
Le grand pianiste américain, Leon Fleisher, a été longtemps privé de
l’usage de sa main droite. Interrompant sa carrière, ce traumatisme l’a
amené à devenir une référence en matière d’enseignement du piano et du
répertoire pour la main gauche. Aujourd’hui, Leon Fleisher joue de
nouveau à deux mains et a enregistré deux albums qui ont été unanimement salués par leur réussite. Filmé
dans un magnifique salon de la Fondation Singer-Polignac à Paris – où
ont joué Stravinsky et Ravel, Leon Fleisher interprète
Bach, Chopin, Debussy et Schubert.
Piano, paralysie, direction…
Formée par une mère musicienne aussi aimante que perfectionniste, Leon
Fleisher s’entête à devenir l’un des meilleurs pianistes de sa
génération. Les faits donnent vite raison au jeune apprenti: élève du
légendaire Arthur Schnabel, le pianiste commence sa carrière dès 1944
lors d’un premier concert avec le Philharmonique de New York, puis
remporte à l’âge de 16 ans seulement le prestigieux concours Reine
Elisabeth. Concertos de Beethoven et de Brahms, en particulier
enregistrés sous la conduite de George Szell (1958), Mozart, Chopin
imposent peu à peu son jeu souverain qui laisse percevoir non pas une
performance égocentrique mais la sincérité d’un serviteur de la musique
doué d’une compréhension profonde et intime des partitions. Mais le
destin allait durement l’éprouver: une si fulgurante ascension se paie
chère: répétitions trop tendues, rythmes soutenus, santé fragile et
repos trop léger ? La main droite ne répond plus: elle reste paralysée.
Leon Fleisher n’a que 37 ans. Suit une pause dépressive où
redéfinissant son rapport à la musique, le pianiste tente la direction
d’orchestre, afin de mieux servir la musique. Son obstination se révèle
fructueuse puisque l’ancien pianiste devient chef associé du
Symphonique de Baltimore en 1973.
Passion pour la main gauche
Déterminé, démuni mais pas défaitiste, le pianiste n’a pas cessé de
jouer: il se passionne même pour les oeuvres pour la main gauche.
Collectionne les pièces du répertoire et commande même de nouvelles
oeuvres. En 2004, nouveau jalon d’un militant musicien: l’interprète
accompagné par l’orchestre philharmonique de Berlin joue le Concerto
pour la main gauche, récemment retrouvé de Paul Hindemith. Modèle
d’obstination réfléchie et d’opiniâtrté créative, Leon Fleisher
enseigne aussi le piano au Curtis Institute de Philadelphie, au
Tanglewood music center, à la Glenn Gould School de Toronto…
Travailleur acharné, son expérience reste unique et stimulant auprès
des jeunes musiciens. La force d’une pensée exceptionnelle a aussi
apporté ses miracles: grâce à des séries de massages et
d’assouplissement réguliers, le pianiste a retrouvé peu à peu l’usage
de sa main droite. Comment exprimer le bonheur de recouvrer enfin la
totalité de son jeu ? En jouant pour les autres, tout simplement.