POITIERS, TAP. Variations Diabelli, Beethoven, Zender. JF Heisser, le 16 novembre 2016. Mercredi 16 novembre 2016, 19h30. « Variations Diabelli » : l’Orchestre Poitou-Charentes et son chef d’orchestre fondateur, Jean-François Hisser jouent Beethoven et Zender. Au programme, virtuosité pour clavier seul (Variations Diabelli de Beethoven joué par Jean-François Heisser comme soliste), puis réponse aux 33 Variations ainsi écoutés, à l’orchestre, grâce aux 33 Variations d’après Beethoven (2011) de Hans Zender. Le compositeur contemporain est bien connu des mélomanes par ses relectures iconoclastes des grands classiques romantiques : avant les Diabelli, Zender s’était intéressé à retranscrire pour orchestre Le Voyage d’hiver de Schubert : en passant de la forme chambriste et intime, au grand orchestre, que gagne la musique et l’expressivité du motif dans son passage du confidentiel au démonstratif ? L’univers sonore de Zender semble éclairer plus qu’il ne le dénature, le propos originel de Beethoven. En façonnant un nouvel édifice musical et esthétique où s’exprime l’éclat de nouveaux instruments (accordéon, percussions … à la fête), l’idée de Zender est de relire le chef d’œuvre originel de Beethoven en en soulignant la profusion et la richesse intérieure. Le propos de Zender est d’autant plus légitime que Beethoven déjà à son époque avait repris et analysé une Valse d’Anton Diabelli pour concevoir l’enchaînement de ses 33 Variations, conçues pour leur part entre 1819 et 1823.
D’UNE VALSE SEULE…. AUX 33 VARIATIONS. Au départ, éditeur et compositeur, Diabelli propose aux compositeurs viennois à la mode, d’écrire une variation d’après sa propre valse : les droits du recueil, englobant toutes les variations seraient reversés au profit des veuves et des orphelins des guerres napoléoniennes… Beethoven piqué au vif (et souhaitant aussi percevoir le salaire généreux promis pour une telle composition), s’intéresse finalement au projet et commence par écrire 23 Variations à l’été 1819, puis interrompt son travail pour composer la Missa Solemnis ; enfin termine le cycle d’après Diabelli, en 1823. Travail de réécriture et de variation à l’infini, toute la démarche de Beethoven consiste à développer l’idée du motif jusqu’à son implosion (d’ailleurs le véritable titre donné par Ludwig au moment de la livraison de l’ensemble est « 33 transformations » / 33 Veränderugnen, sur une valse de Diabelli…) souhaitant démontrer le potentiel immense d’un seul et même motif originel simple, promis à un cycle riche en avatars grâce à la puissance de son génie recréateur. L’opus 120 est ainsi connu et bien documenté, portant une dédicace à l’Immortelle Bien-Aimée, c’est à dire Antonia Brentano. Pianiste et chef d’orchestre, Jean-François Heisser passe de la forme clavier à l’échelle orchestrale, animé par un souci de précision et d’éloquence qui caractérise son geste très scrupuleux comme spécifiquement respectueux des partitions.
AUDACE, EXPERIMENTATION, SAUT DANS L’INCONNU… Jean-François Heisser rétablit dans ce programme entre petite et grande forme, intonation confidentielle et intime, et transcription pour orchestre, le caractère expérimental et révolutionnaire de l’écriture beethovénienne : les 33 Variations ou « mutations » Diabelli que propose le compositeur pourtant sourd et handicapé, forcent le respect par leur liberté de conception et leur modernité esthétique. Libertaire, révolutionnaire, Beethoven fait imploser la forme et le cadre musical tout en préservant la puissance de son génie d’architecte : implosif et structurel, son tempérament créateur en cesse de nous fasciner. Au clavier, ou à l’orchestre, voici la forge musicale, le foyer des innovations tels qu’ils ont été pensés, permis par Ludwig van…
Orchestre Poitou-Charentes
Jean-François Heisser, direction et piano
Beethoven
33 Variations en ut majeur pour piano sur une valse de Diabelli op. 120
Hans Zender
33 Variations sur 33 Variations (2011) d’après les Variations Diabelli de Beethoven
POITIERS, TAP – Auditorium
Mercredi 16 novembre 2016, 19h30
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