Les Musiques de Beauregard
Saint Genis Laval (69)
Du 27 au 30 juin 2007
Nuits de Noces
Vous avez dit Festival ? Donc il y a fête, et qu’importe la durée ! Ou comme pour les métrages, le long, le moyen, le court : ici, cette dernière catégorie convient. Et tout de suite après la Saint-Jean : 4 nuits parmi les plus courtes de l’année. En un lieu sans banalité, non interchangeable, et que de surcroît on n’attendrait guère aux portes sud de Lyon : l’Orangerie est une grande salle voûtée où dans ce château de Beauregard on faisait « hiverner » les arbustes, l’acoustique en est excellente. Quant au « climat »… Vaste terrasse, parc, bassins, paysage dont l’orientation n’évoque en rien les concentrations industrielles pourtant si voisines : on y rêve cette année encore ( la 4e du festival) des Noces de Figaro ou même de Cosi Fan Tutte (après tout, les voyageurs masqués de Cosi pourraient symboliquement s’embarquer sur le Rhône proche…), tant les brises ou le calme des Nuits d’été commençant ( tiens, encore une idée, ultérieure, côté Berlioz !) incitent à la douceur d’un art de vivre…Et si en ouverture les initiateurs du festival montaient une scène des Noces, sinon tout le 4e acte, au moins Barberine cherchant son épingle, « l’ho perduta, me meschina », la pure poésie… ?
Les 300e, 400e et autres anniversaires
Mais nous n’en sommes pour l’heure qu’à de la musique de chambre, connotée plutôt baroque au sens élargi du terme. Est-ce l’invité d’honneur ? Jordi Savall vient en éclaireur des conscicnces musicales, et sans Hesperion XXI, avec l’unique partenaire et confident qu’est sa viole de gambe Barak Norman, un superbe instrument londonien de 1697. Il revient à l’origine même des enchantements dont il a ouvert la boîte magique : les Voix Humaines des Anglais (Tobias Hume, Thomas Ford, John Playford), des Allemands ( Johannes Schenck, K.F.Abel, J.S.Bach) et par-dessus tout des Français (M. de Saint-Colombe le fils et Marin Marais dialoguent) sont convoquées par son récital. Sept jours plus tôt, on aura reprojeté certain film d’Alain Corneau, et les Voix de Jordi n’en ouvriront que mieux en mémoire toutes les aubes du monde….
Il y a les anniversaires très grand-public, et d’autres qu’il ne faudrait pas oublier. 2007, c’est 3 fois 100 ans après la mort de Buxtehude, lui-même puissant inspirateur d’un J.S.Bach qui le considérait comme un Père. Les Folies Françoises de Patrick Cohen-Akénine (violon), François Poly (violoncelle) et Béatrice Martin (clavecin) se consacrent donc à une « rencontre de Lübeck », célébrant le pèlerinage pédestre qu’un J.S.Bach de 20 ans fit pour recevoir le message de l’illustre organiste danois : sonates en trio, toccata BWV.912 Praleudium Bux 163.
400e anniversaire, si on est sensible à ces calendriers, de l’Orfeo monteverdien qui changea le cours de l’histoire musicale : La Chapelle Rhénane (Benoît Haller) revisite des partitions « de l’église, de l’opéra et du salon » chez Monteverdi pour les confronter en version réduite et selon la plus expressive sensibilité. Et de façon très originale, le groupe lyonnais Gaspara Stampa (Clara Coutouly, Wanda Kozyra) explore la jonction d’histoire musicale Renaissance-Baroque, en interrogeant les chants de Cour (Henri IV et Louis XIII) , ce temps poétique si subtil. Robert Ballard, Gabriel Bataille, François Richard, Etienne Moulinié, Pierre Guédron, Antoine Boesset varient précieusement l’amour, dans l’éclaircie entre la fin des luttes farouches et avant le grand retour à l’ordre pessimiste et cagot.
Mercredi 27, jeudi 28, samedi 30 juin 2007 : Orangerie de Beauregard, 21h ; vendredi 29, Eglise de Saint-Genis-Laval. Informations et réservations : tél. : 04 78 86 82 00 ou www.mairie-saintgenislaval.fr
Illustration
Louis XIII, Musée du Prado