Les Roses d’Ispahan
Doulce Mémoire
Denis Raisin Dadre, direction
Dimanche 17 septembre 2008 à 20h30
Cathédrale d’Amiens
Festival des Cathédrales de Picardie 2008,
Semaine de la Renaissance
De la Perse à Florence
Dans ce nouveau programme inédit, Denis Raisin Dadre qui intervient personnellement comme flûtiste, met en correspondance le premier bel canto italien en Nuovo Stile, élaboré par Caccini à la fin du XVIème siècle et l’art du chant persan, incarné par le chanteur iranien Taghi Akhbari. Ici et là, la musique offre un écrin attentif à l’articulation du verbe, comme s’il s’agissait de son prolongement naturel. Poésie musicale ou musique poétique? La fusion des disciplines est totale et l’esthétisme des deux traditions vocales partage un même but: célébrer la puissance secrète du verbe grâce à l’accord de la musique. Passaggi virtuoses attestant d’une pratique vocale redoutable (défendue par le baryton Marc Mauillon, lauréat de la première édition du Jardin des Voix 2002), utilisation des effets de gorgia qui soulignent encore l’impact du mot devenu émotion et geste musicaux: tout rapproche les deux pratiques. Qu’il s’agisse d’un cadre rythmiquement fixé par référence à un mouvement de danse, ou dans un rapport plus souple à la parole comme dans le cadre d’un récitatif, les intentions des artistes sont semblables. Souvent, l’esprit défricheur et expérimentateur de l’écriture musicale entre deux siècles, dans une période dite de « transition », rencontre aujourd’hui l’intuition visionnaire et recréatrice des interprètes modernes.
Art de Cour entre Orient et Occident
En Perse comme à Florence, l’art de Cour, servi par des lettrés amateurs de poésie, recherche un même idéal: l’âme éveillée, soumise aux enchantements aussi imperceptibles qu’inénarrables des mouvements de la nature, chante les humeurs de ses divers états de conscience et de connaissance. Expression sensible des profondeurs de la psyché, en mode profane ou sacré, le geste musical, instrumental et vocal, resplendit par son intensité et parfois son incandescence émotionnelle. Les membres de Doulce Mémoire s’ingénient peut-être davantage que dans leurs programmes précédents à restituer ce qui est à la base de l’enchantement baroque: l’extase fascinante du chanteur. Tout passe par la voix et le chant. Dès la fin du XVIème siècle, tout concourt à préparer l’essor éloquent de la voix auquel répond bientôt le chant des instruments.
Distribution
Taghi Akhbari, chant persan
Marc Mauillon, baryton
Nader Aghakhani, târ
Pascale Boquet, luth et guitare renaissance
Angélique Mauillon, harpe triple
Denis Raisin Dadre, flûtes
Bruno Caillat zarb, daf, tambourin
Programme
Pulchra es amica mea de Giovanni Palestrina (1525 – 1594) diminué par Rognoni
Vedro il mio sol de Giulio Caccini (ca 1550 – 1618)
Contrapunto de Vicenzo Galilei (ca 1520 – 1591)
Mode esfahan : Darâmad
Mode esfahan : Bayâte râjeh
Mentre che fra doglie de Giulio Caccini
Naghmé
Tutti il di Piango de Giulio Caccini
Mode mâhour : Shékasté
Tasnif : Navâï
Odi Euterpe de Giulio Caccini
***
Ancor che col partire de Cyprien de Rore (1516 – 1565) diminué par Rognoni
Ancor che col partire de Cyprien de Rore diminué par Bassano
Mode tchâhârgâh
Amor ch’attendi de Giulio Caccini
Piva de Joan Dalza (ca 1480 – ?)
Mode mâhour : Darâmad
Movetevi a pieta de Giulio Caccini
Dalla porta d’oriente de Giulio Caccini
Solo de Zarb
Tasnif : Golafchan
En italiques: les pièces de musique persane