mercredi 23 avril 2025

LILLE, Orchestre National. SIBELIUS (Symphonie n°2). Alexandre Bloch, direction. Jeudi 19 octobre 2023, 20h

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Somptueuse programmation pour ce concert qui met à l’honneur l’un des compositeurs fêtés par le National de Lille lors de la nouvelle saison 2023- 2024 : Jean Sibelius, le plus grand symphoniste au début du XXè, à l’égal des Français Ravel et Debussy, mais aussi de Richard Strauss et de Gustav Mahler. Le souci du développement formel dans le sens d’une épure de plus en plus manifeste se réalise chez Sibelius, partisan de la nuance essentielle plutôt que du bavardage spectaculaire.

 

 

nouvelle saison 2023 – 2024
de l’ON LILLE
Orchestre National de Lille

FOCUS 1 SIBELIUS

La Symphonie n°2 marque le début d’un cycle Sibelius par l’Orchestre National de Lille. Fresque sonore éblouissante, propre à galvaniser l’auditoire, la Symphonie n°2, créée en 1902, quand Debussy produit son Pelléas révolutionnaire à l’opéra, soulève un enthousiasme immédiat qui fait de Sibelius, un héros national. S’y concentre et exulte une énergie primaire (le Finale au souffle dyonisiaque), dans une orchestration brillante propre à Sibelius ; de quoi exalter les partisans de l’indépendance de la Finlande alors occupée par les russes.

En première partie, le chef Alexandre Bloch confirme ses affinités avec Bartók – on l’a remarqué lors de la pandémie où il a réalisé avec les musiciens lillois une excellente lecture du Concerto pour orchestre, Alexandre Bloch joue le Concert pour alto, partition plus rare au concert, composée en 1945 aux USA et laissée incomplète par la mort de l’auteur. Son fils en permet l’achèvement. Ainsi le dédicataire, William Primrose, peut-il en assurer la création à Minneapolis sous la direction d’Antal Dorati. La partition redoutable d’une ivresse rhapsodique (finale conçu comme un mouvement perpétuel à la hongroise, vif et fugace) exploite toutes les ressources de l’instrument aux timbre chaud et sombre, y compris dans le mouvement central (adagio religioso) qui captive par sa suspension méditative. Bartok y dévoile un travail particulier sur le timbre « sombre et plutôt masculin » de l’alto, ici en contraste avec la parure transparente de l’orchestre. Le Concerto expose les couleurs rugueuses et sensuelles, brillantes et mordante d’un instrument qui chante l’âme humaine, au même titre que le violon et le violoncelle. Le chef et les instrumentistes du National de Lille viennent de publier un enregistrement discographique avec le soliste de ce soir, Amihai Grosz, altiste principal du prestigieux Orchestre Philharmonique de Berlin.

Photo ci dessus : Alexandre Bloch © Ugo Ponte

 

 

 

 

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Jeudi 19 octobre 2023 — 20h
Lille, Nouveau Siècle – Auditorium Jean-Claude Casadesus

BARTÓK & SIBELIUS
Les couleurs chaudes de l’alto et la force galvanisante d’une symphonie !
[ Tarif 1 ] / ± 1h10 sans entracte

Réservez vos places directement sur le site de l’ON LILLE / Orchestre National de Lille :
https://www.onlille.com/saison_23-24/concert/bartok-sibelius/

AUTOUR DU CONCERT
19h – Conférence Cycle Sibelius par Camille de Rijck

 

 

 

 

 

Architecture pulsionnelle


Composée en février et mars 1901, après son poème symphonique
Finlandia, la Deuxième Symphonie en ré majeur, opus 43, est le plus connu des opus symphoniques de Sibelius, conçue lors d’une séjour en Italie à Rapallo. Les partisans de l’indépendance la considèrent rapidement comme un chant nationaliste (en particulier grâce à son chant triomphal obtenu après une lutte âpre qui requiert toutes les ressources des instrumentistes), qui sur le plan des caractères et des climats, se montre comme la Première Symphonie, résolument romantique.
Pourtant, le compositeur y déploie déjà cette tentation de l’éclatement organique, composé d’une multitudes d’épisodes et de micro climats, brossant un paysage exceptionnellement palpitant du motif.

On a tôt fait d’étiqueter la Deuxième Symphonie comme l’ultime volet d’une période « classique », or dans son développement, l’oeuvre déroute à plus d’un titre par la multiplicité des feux que semble allumer un orchestre changeant, instable, aux humeurs fluides et contrastées. A plus d’un titre, on sent que l’auteur pressent la dissolution de la forme. Le Vivacissimo relance davantage la capacité des cordes à vibrer, frappées par une ivresse lyrique irrépressible, expression plus frappante encore de l’oscillation émotionnelle du compositeur. Ici le chef doit se montrer encore plus audacieux et vertigineux, creusant la disparité des humeurs fulgurantes: c’est une tempête vive, acérée, et finalement dansante qui se résout, avec la réitération du motif du premier mouvement, énoncé aux bois, repris au violoncelle solo, comme le signe d’un souverain contrôle à présent assumé. Chez Sibelius tout tient à ces passages incessants et presque imperceptibles, entre la tension paroxystique et la détente nostalgique en un motif enfoui, soudainement affleurant. Ce n’est qu’au terme d’un regain de violence et d’énergie radicale, que l’orchestre entonne, presque fanfaronnant son chant de victoire, lui aussi en provenance d’un magma terrien, d’une force et d’une assise chtonienne. Chef et musiciens doivent fouiller jusqu’au tréfonds de leur âme, pour clamer en un chant ivre et définitif, cet élan vertigineux, miracle d’espérance jaillissante.

 

Précédente ANNONCE CONCERT de l’Orchestre National de Lille :
https://www.classiquenews.com/lille-orchestre-national-concert-douverture-les-28-et-29-sept-2023-grieg-tchaikovsky-alice-sara-ott-alexandre-bloch/

Orchestre National de Lille
30 Place Mendès France BP 70119 / 59027 Lille cedex
+33 (0)3 20 12 82 40
Accueil-billetterie : 3 place Mendès France

La billetterie est ouverte au public :
du lundi au vendredi, de 10h à 18h
par téléphone de 10h à 13h et de 14h à 17h30
au 03 20 12 82 40

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