mercredi 23 avril 2025

Livres, notre sélection été 2008

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Livres,
Notre sélection
Eté 2008

Classiquenews.com sélectionne les meilleurs livres sur la musique: biographies, essais, nouvelles, romans mais aussi programmes d’opéras et publications spécialisées… Chaque semaine, découvrez nos coups de coeur, afin de ne rien manquer des lectures incontournables au fur et à mesure de leur parution… et pour l’été 2008, voici notre liste des ouvrages à lire sur la plage ou au bord de la piscine…

Michèle Friang: Pauline Viardot

Michèle Friang, à qui l’on doit une biographie non moins passionnante sur l’oeuvre et la vie de la compositrice, amie de Clara Schumann, Augusta Holmès, éclaire ici la personnalité et la carrière de Pauline Viardot (1821-1910) grâce à sa riche correspondance qui compte comme destinataires les esprits lumineux et les créateurs les plus passionnants de son époque: Georges Sand (l’amie indéfectible que Pauline appelle affectueusement « Nanette »), Yvan Tourgueniev, Charles Gounod qu’elle prend un temps sous son aile et dont elle créera le rôle de Sapho, mais aussi Meyerbeer, Berlioz, Saint-Saëns,… Tous sont sous le charme de la mezzo dont l’excellence dramatique comme le tempérament vocal spécifique égalent ceux de sa soeur Maria Malibran dont Cecilia Bartoli a fêté avec quel style, le bicentenaire de la naissance (en mars 2008 à Paris). Les deux soeurs « Garcia » furent les élèves assidues et parfois douloureuses de leur père, l’intraitable et perfectionniste baryténor, Manuel Garcia.

Le texte précise ce qui distingue Pauline de Maria, toutes deux marquées par le sceau du génie vocal. Une virtuosité exceptionnelle qui alliée à une nature dramatique d’exception, explique la fascination que Pauline exerce sur ses contemporains, dans les mêmes rôles rossiniens que sa soeur a chanté avec elle: Desdémone d’Otello, Rosine du Barbier de Séville… puis Amina de La Sonnambula de Bellini (aux côtés de Rubini!)… Admirée par les compositeurs, Pauline qui fut aussi une superbe pianiste, a chanté pour les auteurs de son temps: Meyerbeer, Gounod… elle atteint le sommet de sa gloire dans Le Prophète (de Meyerbeer) dont elle chante le rôle de Fidès, en 1859.

Voix atypique, comme un « fruit sauvage », à la fois âpre et d’une sensualité envoûtante, Pauline n’est pas belle: elle est « pire », dira Saint-Saëns. Son engagement à servir la musique et le texte, impose la sensibilité d’une ambassadrice faite pour chanter les rôles tragiques… Le texte grâce aux nombreuses citations de la correspondance, replacée dans son contexte, restitue la figure de l’artiste: une femme à fort tempérament, capable de partage et de générosité, protectrice des jeunes comme Gounod qui se montrera finalement léger pour ne pas dire ingrat, stimulante interprète voire égérie pour tous les grands compositeurs de l’époque. Les quatorze chapitres de cette biographie affûtent le portrait d’une femme admirable, artiste entière douée d’un goût indiscutable, qui commence sa carrière de chanteuse en 1838 (dix ans après que sa soeur Maria soit décédée), interprète sans égale de Rossini, Norma et la Sonnambula de Bellini, Lucia di Lammermoor de Donizetti, de Gluck et aussi créatrice de Sapho de Gounod (1851)… C’est elle surtout qui chanta Didon et Cassandre dans Les Troyens de Berlioz… Lire sa prose au moment des épisodes clés de la carrière, révèle les attentes et l’exigence comme le perfectionnisme appris auprès de son père. Diva légendaire, « La Viardot » appartient à la constellation des plus grandes et le livre de Michèle Friang nous offre de partager l’intimité chaleureuse et captivante de l’immense cantatrice.

Michèle Friang: Pauline Viardot, au miroir de sa correspondance. 288 pages. Editions Hermann, collection « Point d’orgue ».

Séjours verdiens: Roncole, Busetto, Sant’Agata (éditions FMR)

Pour le premier centenaire de la mort de l’auguste musicien, les éditions FMR (Franco Maria Ricci) nous offrent en guise de pèlerinage par l’image et le texte, trois sites mémorables où la présence de Giuseppe Verdi (1813-1901) reste éternelle: Roncole (son village natal), Busseto dont malgré l’entêtement paysan d’un moralisme obtus des indigènes (en particulier vis à vis de son ménage avec la soprano Giuseppina Strepponi, créatrice du rôle d’Abigaille lors de la création de Nabucco à la Scala en 1842), il conserve un attachement viscéral, enfin Sant’Agata dont le nom évoque la villa qu’il habite à partir du printemps 1851: havre de paix, entre ruralité et confort urbain, qui lui procure jusqu’à ses derniers jours, ce bonheur familier et quotidien, en homme de la terre, passionné d’agriculture, et compositeur infatigable… Propre au concept éditorial qui a fait pour d’autres sujets tout aussi convaincants, ses preuves indiscutables, ce nouveau volume FMR présente d’abord par le texte, la riche histoire des villes évoquées, puis démontre par l’image, de splendides photos pleine page, la présence de Verdi dans les trois cités désormais verdiennes.

Busetto, comme Sant’Agata, se taille la part du lion: c’est ici qu’en dépît des critiques vis à vis du couple immoral composé par le musicien et « sa » chanteuse, les habitants ont souhaité élevé un nouvel opéra à la gloire du musicien, inauguré en août 1868 (Teatro Verdi). De superbes photos dévoilent l’ampleur et le raffinement du chantier: un écrin inimaginable pour la petite ville… dont témoignent les peintures du plafond où un ange porte le nom de Verdi, fière illustration locale du génie de la musique personnifiée à ses côtés, et suspendue comme lui, dans les airs…

La visite se poursuit par la maison du couple à Sant’Agata: chambre de Giuseppina Strepponi, la chambre milanaise (avec ses meubles d’origine du Grand Hôtel à Milan) où mourut le maître en 1901, le cabinet de travail du compositeur, qui est aussi le visuel de couverture de ce magnifique ouvrage. La riche illustration met l’accent sur l’iconographie de Verdi, en particulier, le buste en terre cuite de Vincenzo Gemito, et son portrait peint, célébrissime, signé Giovanni Boldini, aujourd’hui à Rome (Galeria nazionale d’arte moderna). Verdi était fier d’être demeuré malgré son immense gloire, un paysan de Roncole… entre campagne et culture musicale, sa vie s’est déroulée avec la passion et la générosité qui le caractérise: ce livre magnifique à lire autant qu’à voir, en témoigne de manière significative.

Séjours Verdiens: Busseto, Roncole, Sant’Agata. Texte de Corrado Mingardi. Photographies: Giovanni Ricci, Mauro Davoli, Lucio Rossi. Edité en 2001 par FMR Franco Maria Ricci. 120 pages. En fin d’ouvrage, à l’appui des témoignages iconographiques, le lecteur retrouve toutes les notices relatives aux artistes et personnalités cités dans la présentation évoquant l’histoire et la richesse patrimoniale des trois villes italiennes: Busetto, Roncole, Sant’Agata.

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