jeudi 24 avril 2025

Livres. Roselyne Bachelot : Verdi amoureux (Flammarion)

A lire aussi

verdi amoureux-bachelot flammarionLivres. Roselyne Bachelot : Verdi amoureux (Flammarion). Amoureuse de Verdi, Roselyne Bachelot écrit son  » Verdi amoureux » … Au plus près de la vie intime et sentimentale de Giuseppe Verdi, l’ex ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot, exprime en un regard personnel sa passion pour le compositeur italien, lui-même témoin de l’indépendance italienne et dont la musique a incarné l’élan des patriotes républicains contre l’occupant autrichien.  De fait, l’enfant pauvre des Roncole, reçut tous les hommages et les plus grands honneurs publiques et politiques grâce aux succès de ses opéras dont Oberto (1839) et surtout Nabucco (1842) demeure le premier, le plus éblouissant dans sa prometteuse carrière. L’ouvrage marque aussi, surtout dans le canevas du livre, la relation fidèle de Giuseppe avec Giuseppina Strepponi, cantatrice qui comme plus tard Teresa Stolz, une autre chanteuse (mais à la réputation moins sulfureuse que sa devancière) deviendra l’intime du musicien. Giuseppe épouse en août 1859, la Strepponi qui loyale et dans l’ombre n’attendait que cela.

Ainsi se renforce au fil des années un trio sulfureux qui balaye les convenances sociales et matrimoniales si étroites alors. C’est moins l’auteur que le fils, l’amant, le père (vis à vis de Maria Filomena, la fille adoptive de son couple avec Giuseppina), l’amoureux donc qui se précise au fil des pages sans que le lecteur perde la trame chronologique d’une vie plutôt très occupée.
On aurait tort d’estimer le texte à l’aune des biographies précédentes, plus précises, complètes et scientifiquement irréprochables sur Verdi, sa personnalité et son oeuvre. D’ailleurs l’auteure l’avoue et le précise plusieurs fois elle-même : elle ne fait en aucun cas œuvre de biographe. C’est le témoin passionné des « travestissements et torsions » de la vie de Giuseppe Verdi.

Qu’importe, à travers cette lecture thématique de la carrière de Verdi, le lecteur n’a pas à engloutir et se perdre souvent dans un pavé indigeste : il prend profit à rétablir la synchronicité entre la création successive des opéras, les déplacements (souvent à Paris mais aussi à Saint-Pétersbourg, à Londres…et partout en Europe car Verdi est partout célébré) et les avatars de la vie sentimentale du Maître de l’opéra italien. 3 femmes auront composé la figure idéale : Margherita Barezzi (morte avec leurs enfants quelques années après leur mariage soit un traumatisme très tôt survenu), Giuseppina qu’il finit par épouser après 17 ans de vie commune, enfin Teresa, la compagne de ses derniers jours… il est possible de prêter maintes autres liaisons plus volages au fieffé séducteur dont l’attractivité de se limite pas aux femmes à en croire l’auteure : Verdi fit aussi ménage avec son  » cher rouquin », Emanuele Muzio, fin musicien comme lui et qui sera son compagnon de jeu, un complice de chaque instant que jalousera longtemps Giuseppina. C’est le cas aussi de « gueule d’ange » : Angelo Mariani.

Ardente militante pour le pacs, Roselyne Bachelot se montre ici entre les lignes et deux épisodes de la vie intime de Verdi, d’une perspicacité souvent intuitive voire déconcertante, soulignant combien le compositeur le plus adulé de son vivant en Italie et le plus réputé encore aujourd’hui s’agissant de l’opéra italien toute époque confondue, n’a pas manqué de casser les codes de la société puritaine : faisant donc ménage à trois, et auparavant vivant dans ses terres de Sant’Agata à Busseto ayant fondé un foyer avec sa chère Giuseppina, cantatrice aux mœurs légères : avant leur mariage tardif, leur  concubinage fit scandale. Dans plusieurs résumés complémentaires sur telle ou telle période active et intense, Bachelot rédige un « arrêt sur image » : focus mettant en avant un aspect emblématique de la vie et de la sensibilité de Verdi, dont celui très pertinent sur l’image de la famille telle qu’elle se détache de la vie réelle et des opéras du compositeur : on y décèle la relation privilégiée entre le père et sa fille (Boccanegra, Rigoletto, Stiffelio, …) quand l’absence de la mère brille particulièrement à l’inverse.

Et pour être certaine que son texte soit lu par tous, Roselyne Bachelot a demandé au baryton Jean-Philippe Lafont d’enregistrer l’intégralité de son essai biographique : le cd est joint au livre édité par Flammarion. Si cet essai très personnel aiguillonne l’intérêt du plus grand nombre, parfois peu porté sur l’opéra, le livre de Bachelot aura rempli son office. Les autres plus connaisseurs y reconnaîtront comme nous un témoignage senti, passionné, subjectif; finalement attachant du cas Verdi.

Livres. Roselyne Bachelot : Verdi amoureux (Flammarion).

Derniers articles

CRITIQUE événement. COFFRET : BRAHMS / GARDINER. Symphonies n°1 – 4. Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam (2021, 2022, 2023 – 3 cd DG Deutsche Grammophon)

18 ans après les avoir jouées et enregistrées avec l’Orchestre romantique et révolutionnaire (2007), John Eliot Gardiner reprend l’étude...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img