mercredi 23 avril 2025

L’Orchestre de Louis XIV. Les Vingt-Quatre Violons du Roy Versailles, Galerie des glaces. Les 15 et 16 octobre 2008

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L’Orchestre de Louis XIV
Les Vingt-Quatre Violons du Roi

Patrick Cohën-Akenine
Versailles, Galerie des Glaces
Les 15 et 16 octobre 2008 à 21h

Révolution sonore
Si la révolution baroqueuse, depuis 40 ans à présent, d’un feu défricheur intact, a ré-exhumé nombres d’oeuvres jusqu’alors méconnues, remis au goût du jour, le style et la manière de compositeurs totalement oubliés, le champs des découvertes reste à peine entamé… En retrouvant la sonorité des « Vingt-Quatre Violons du Roy« , institution phare en France instituée dès 1630 (chaque musicien avait sa charge à vie), emblématique en particulier du Grand Siècle à l’époque de Louis XIV, Patrick Cohen Akenine, directeur musical des Folies Françoises, indique une nouvelle orientation pour les interprètes explorateurs: la question des instruments et du son.

Réalisé lors d’un concert fondateur au dernier festival de Sablé (août 2008) dont classiquenews était témoin (lire notre compte rendu du concert des Vingt-Quatre Violons du Roy donné au Festival de Sablé 2008), le dévoilement relève d’une découverte spectaculaire, ce que fut la découverte de la Sixtine dépoussiérée, quand le monde découvrait une nouvelle palette de couleurs, imputable désormais au divin Michel-Ange.
Ici, le travail entrepris avec les luthiers requis pour la réalisation, concerne la fabrication des 12 instruments manquants, soit 3 groupes médians, compris entre les dessus et les basse de violons. En réintégrant dans l’orchestre français, haute-contre, tailles et surtout, quintes de violons, chaque groupe par quatre, c’est toute la texture soyeuse, « résonnée », riche et profonde d’un Lully qui nous est restituée.
En définitive, Patrick Cohën-Akénine écarte l’usage attesté dès le XVIIIème siècle, des altos italiens utilisés à la place des tailles et quintes de violons originels. C’est donc une recherche de la richesse initiale, un combat contre la standardisation des timbres qui apportent aujourd’hui leurs fruits convaincants. L’orchestre français, celui en particulier de Lully, des ballets, comédies-ballets au tragédies en musique, se devait de disposer enfin des familles de cordes qui ont fait la grâce et la spendeur musicale de la Cour de Versailles.
De nouvelles perspectives sont désormais possibles: inestimable apport pour écouter enfin l’orchestre correspondant à l’idéal esthétique et au goût de Louis XIV. L’amplitude des couleurs et l’opulence des timbres en sortent grandis, émancipés, (clairs, francs, puissants concernant en particulier les quintes de violons), comme si les plafonds de Versailles légués par Louis XIV avaient retrouvé leur lustre originel: un art de la magnificence et de la grandeur voire du solennel qui passe inéluctablement par ce caractère particulier de la sonorité qui sonne nostalgique, poétique, profond.

Les Quintes en jeu
Voici cet orchestre à 5 parties, légendaire à plus d’un titre qui impose sa différence (« son exception »?) au regard des orchestres italiens à quatre parties (dessus, haute-contre, tailles et basses de violons). La France ajoute le groupe des 4 Quintes de violons. L’intérêt de la restitution est d’autant plus essentielle voire criante que dès 1720, l’orchestre des 24 Violons du Roi avait perdu sa résonance si timbrée en perdant le groupe des Quintes.
Désormais, l’Orchestre de Louis XIV, ainsi reconstitué, retrouve les ors du Palais pour lequel il a été conçu: Versailles. Dans la Galerie des glaces, chef et musiciens exprimeront en musique, après Sablé, l’esthétisme d’un règne, entre flamboyance et faste, intimité et lyrisme voire éloquente tendresse.

Toute l’activité du CMBV, (Centre de musique baroque de Versailles), détenteur à présent de ces trésors instrumentaux, aura pour objet le passage délicat mais décisif de la reconstitution instrumentale et organologique (sous la direction artistique et musicologique de Patrick Cohën-Akénine) à l’art vivant de l’interprétation. Il est donc légitime d’attendre avec l’orchestre restitué, de futures ré-évaluations musicales vis à vis des oeuvres du Grand Siècle, de Lully à De Lalande, de Marais à Couperin…, bientôt au programme de la saison musicale du Palais Versaillais.

A Sablé et à Versailles, Patrick Cohën-Akenine offre une première approche en comparant dans le programme joué depuis août 2008, compositeurs italien (Luigi Rossi, 1598-1653) et français (Jean-Baptiste Lully, 1632-1687). Pleurs et récit d’Orphée, ballets et surtout tragi-comédie (Psyché, 1670) de Lully soulignent combien l’esthétique française en terme de sonorité reste spécifique: ample, ronde, puissante et grave.

De l’Orfeo de Rossi au récit d’Orphée: dialogue entre la musique française et italienne. Luigi Rossi, Jean-Baptiste Lully. L’orchestre de Louis XIV: les « Vingt-Quatre Violons du Roy » reconstitués. Les Folies Françaises. Patrick Cohën-Akénine, direction. Versailles, Galerie des Glaces. Les 15 et 16 octobre 2008, à 21h. Journées Lully à Versailles.

Illustration: Portrait de Louis XIV, en roi guerrier victorieux (DR)

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