Beethoven a trente ans lorsqu’il compose sa première symphonie. Bien qu’il ait déjà à son actif un nombre important de compositions, pour le piano et la musique de chambre, le genre orchestral n’avait paru alors que dans ses deux concertos pour piano (d’une palette très mozartienne). Autant dire que c’est un genre qu’il prend très au sérieux et qu’il a amplement réfléchi. L’enjeu est de taille. Alors que Mozart et Haydn ont déjà donné des chefs-d’oeuvre qui semblaient avoir essoufflé le genre en établissant des formes quasi définitives, Beethoven désire ardemment s’exprimer à son tour. Il entend dès sa Deuxième symphonie, « ouvrir de nouveaux chemins ».
Composée probablement en 1799 et 1800, elle semble inspirée de la 97e symphonie de Haydn. Chose bien probable sachant que Beethoven lui-même a été élève de l’auteur des 106 symphonies. L’orchestre est typiquement classique : bois par deux, deux trompettes, deux cors, timbales et les cordes. Sa première exécution a lieu le 2 avril 1800 : Beethoven donne ce jour-là, sa première académie au Burgtheater. Au programme, toujours bien rempli à l’époque, figure notamment une symphonie de Mozart, un air de Haydn, son septuor Opus 20, et son premier concerto pour piano. La dédicace va d’abord à Maximilian Franz, frère de Joseph II, qui fut son employeur en tant que prince-électeur de Bonn, ville natale du compositeur. Mais le prince décède au moment où la symphonie est éditée. C’est donc le Baron Gottried van Swieten, célèbre ami viennois de Mozart qui reçoit la dédicace.
La symphonie comprend quatre mouvements.
Adagio molto – Allegro con brio : Beethoven débute sa symphonie de manière inattendue grâce un accord de septième de dominante, joué forte par tout l’orchestre. Tout le caractère du compositeur est déjà là : surprendre son auditeur. Les débuts d’œuvres sont toujours primordiaux chez Beethoven (l’exemple le plus remarquable étant la Cinquième symphonie). Ils intriguent l’auditeur curieux de savoir ce qui va suivre, et qui reste difficilement prévisible. L’introduction, se déploie lentement jusqu’à l’alternance d’accords entre vents et cordes qui conclut cet adagio. Ainsi débute l’allegro, plein de fougue et d’énergie où la tonalité d’ut majeur est très affirmée. Le développement met en valeur les motifs les plus énergiques de l’exposition. Mouvement très allant qui manifeste un Beethoven prêt à conquérir le monde musical.
Andante : de forme sonate, l’exposition commence en fugato, d’écriture contrapuntique. Le second thème est d’allure beaucoup plus harmonique. Le compositeur se serait probablement inspiré du mouvement lent de la quarantième symphonie de Mozart.
Menuetto allegro molto et vivace : il s’agit en fait ici du premier scherzo symphonique de Beethoven, malgré son appellation par le compositeur (seul la Huitième symphonie comporte un véritable menuet). Il est de forme ternaire ABA. Première empreinte typiquement beethovénienne. Considéré comme le mouvement le plus novateur et originale de cette première symphonie.
Adagio – allegro molto et vivace : Que de charme, de joie et d’humour dans ce mouvement rempli de vitalité. Comme le premier mouvement (rondo-sonate), un adagio, relativement court (six mesures), basé sur la construction d’un gamme d’ut majeur, précède l’allegro bondissant, où le premier thème se construit sur des notes piquées et répétées. Le second thème en sol plein de fraîcheur est dans un esprit très proche de Haydn. Beethoven choisit de conclure de manière très brillante cette première symphonie qui constitue ainsi son premier chef-d’œuvre symphonique.