L’hymne du genre humain
L’idée d’un choeur concluant une symphonie était née dans l’esprit de Beethoven dès la Sixième « Pastorale » (1807). De même, certains motifs de la Neuvième paraissent déjà dans la Fantaisie pour piano de 1808 qui donne à cette date, une manière d’ébauche avant l’ample développement de la dernière symphonie. Plus de dix ans s’écoulent entre la création de la Neuvième et la Huitième : c’est donc un long processus de réflexion et de maturation de projets et d’intentions anciens, qui permet la réalisation de la Neuvième. La composition est achevée en février 1824. Quelques mois plus tôt, Beethoven a terminé la Missa Solemnis dont le caractère général approche le dernier mouvement choral de la Neuvième. Le création, à Vienne, le 7 mai 1824, recueille un triomphe. La partition autographe est dédiée au Roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III.
Les quatre mouvements
1. Les douze premières mesures donnent la tonalité générale de l’allegro ma non troppo, un poco maestoso : mystérieux et suspendu, le climat initial exprime le commencement d’une ère, et brosse le tableau d’un commencement du monde. Beethoven nous invite-il pas à l’écoute d’une oeuvre qui présenterait une nouvelle genèse du genre humain? Volonté de bannir les conflits vécus, désir de confier aux hommes, un message de salut et de paix… Nous sommes ici aux prémices de l’intention.
2. Molto vivace : il s’agit d’un scherzo exceptionnellement long : là encore, le sentiment profond, vaste, à l’échelle cosmique, d’une réorganisation du monde se précise. Le souffle universel s’y consomme sans limites : Beethoven exprime une conscience élargie à l’écoute de l’histoire humaine.
3. Adagio : Après la motricité rythmique du mouvement précédent, qui exprime l’action, le troisième mouvement rompt violemment avec l’élan vital exprimé jusque là : Beethoven y étend les limtes d’une vaste méditation, profonde, grave et spirituelle sur le devenir de l’homme.Ni défaitisme ni pessimisme mais lucidité sur l’avenir du genre humain.
4. Après avoir atteint dans l’exaltation et la médiation, les limites de la conscience, Beethoven engage un hymne final marqué par la philosophie humaniste et l’espoir de l’Ode à la joie de Schiller, dont on sait qu’il souhaitait depuis très longtemps, mettre en musique chaque vers.
Le mouvement débute dans un cataclysme, un ouragan qui prélude à la reconstruction exprimée par le chant du choeur et des solistes. C’est strophe après strophe, l’exaltation du sentiment fraternel, réminiscence de l’esprit des Lumières et des opéras de Mozart qui jaillit, irrépressible et visionnaire : « millions d’être embrassez-vous… » (« Seid umschlungen milionem… »).
Durée indicative :
1h10 minutes dont plus de 20 minutes pour le dernier mouvement avec choeur.
Illustration
Friedrich Von Schiller, portrait