LUXEUIL (VOSGES). Le 29 avril 2018, 18h. Les Timbres jouent Orphée. En préambule à l’opéra de Monteverdi qui ouvre la 25 è édition du festival Musique et mémoire (13 juillet 2018), le collectif associé au Festival des Vosges du sud, propose une immersion inédite dans l’histoire du poète de Thrace, avec le concours des élèves des écoles de musique. C’est un spectacle inédit qui allie partage et transmission, tout en permettant aux instrumentistes de travailler et répéter pour le spectacle de cet été…
MISE AU POINT
Le propre des festivals visionnaires, c’est leur capacité à s’inscrire durablement dans leur territoire, à innover des formes inédites de concerts, aller chercher et surprendre les publics isolés, … fédérer et susciter les curiosités, créer ce lien avec les spectateurs locaux… rien de plus artificiel qu’un festival parachuté dans un lieu méconnu, certes enchanteur (et encore), « envahi » par quelques happy few parisiens ou métropolitains, venus s’encanailler dans le « terroir » et le joli bocage, l’espace d’un week end… NON ! le véritable travail en profondeur et pérenne, – osons dire « écologique & responsable », est celui qui respecte surtout les singularités du lieu et des habitants. Développer un festival c’est donc inventer des événements hors de l’été, pendant l’année, où public local, de tout profil, artistes, se retrouvent et partagent autour d’un programme qui enrichit chacun, tisse des liens vitaux, cultive le goût de l’ouverture, de la rencontre, de l’expérience artistique, nourrit de façon critique la réalité d’une culture locale.
C’est tout cela que porte chaque année, Fabrice Creux, directeur et fondateur du Festival laboratoire MUSIQUE ET MEMOIRE dans les VOSGES DU SUD (cette année, édition des 25 ans, du 29 juillet 2018 : lire ici toute la – fabuleuse- programmation).
http://www.classiquenews.com/festival-musique-memoire-2018-les-25-ans/
Pour Pâques, un nouveau spectacle s’annonce prometteur d’ici là. Après Les Ténèbres enivrantes et mystiques de Lambert, – emblème de la ferveur du Grand Siècle (XVIIè), le festival et Fabrice Creux explorent davantage de nouvelles formes de concert, sur un sujet qui est un pilier de la musique baroque et de l’opéra : Orphée / Orfeo. Mythe fondateur du chant, de la musique… L’exploration se réalisera grâce à la complicité entretenue et développée avec l’ensemble associé Les TIMBRES, collectif dont la collégialité complice enchante, à l’esprit défricheur / audacieux, bien en lien avec la ligne du Festival vosgeois. D’ailleurs, du sacré au profane, les spectateurs cet été retrouveront à Musique et Mémoire ce même diptyque enchanteur, grâce à 2 temps forts distingués par la Rédaction de classiquenews : l’Orfeo de Monteverdi en ouverture puis la Messe en si de JS BACH… (rien de moins).
Au jeu de la découverte et du partage, les instrumentistes ajoutent aussi les vertus de la méditation artistique et de la transmission, car il s’agit aussi de sensibiliser de nouveaux publics et de transmettre ce goût de la recherche et du plaisir musical. Découvrir et surprendre. Rien de plus fascinant que la figure d’Orphée, poète (de Thrace, une région de la Grâce antique), surtout chanteur, qui après la mort de son aimée, la belle Eurydice, entend la sauver des Enfers, et par sa lyre et son chant envoûtants, infléchir le dieu infernal Pluton. En réalité, c’est l’épouse de ce dernier, Proserpine, qui compatit à la douleur du mari endeuillé et accompagne Orphée dans sa reconquête…
Le mythe raconte le voyage de celui qui a traversé les mondes souterrains, mais avant, a embarqué avec Caron, pour passer le fleuve infernal Styx, puis chanter, émouvoir, convaincre… De fait, par son chant incarné, sa douleur sublimée, Orphée est bien le père de tous les chanteurs et de tous les artistes qui expriment les peines et les tourments de l’âme tragique, amoureuse, désirante… Si Don Giovanni de Mozart est l’opéra des opéras, Orfeo de Monteverdi (1607) est le premier opéra de l’histoire musicale, certes encore éclectique dans sa forme mi Renaisance (choeur madrigalesques des bergers associés à la Pastorale) et prémices baroques (monodie accompagnée; aria, arioso, lamento,…), mais d’une première cohérence et d’une unité incontestable dans son plan poétique (ce malgré les deux fins possibles : apothéose d’Orfeo aux côtés d’Apollon / ou mort d’Orféo malheureux, déchiqueté par les bacchantes).
Auprès des écoles de musiques et avec le concours des bibliothèques, Les Timbres qui joueront Orfeo en ouverture du Festival Musique et Mémoire 2018 (vendredi 13 juillet 2018 à la basilique de Luxeuil-les-Bains), proposent auparavant un nouveau spectacle découverte sur la figure du Poète antique. Y sont sensibilisés et y participeront, plusieurs élèves des écoles intéressés par le sujet, désireux de faire partie d’un spectacle… Le spectacle du 29 avril à Luxeuil, marque l’aboutissement d’une série de sessions et ateliers, organisée avec les enfants et adolescents depuis le 23 avril… à Lure, Luxeuil-les-Bains, Héricourt, Champagney, Fontaine-les-Luxeuil…
Le mythe d’Orphée
Dimanche 29 avril 2018, 18 h
Espace Frichet, Luxeuil-les-Bains
INFOS et RESERVATIONS
sur le site du Festival Musique et Mémoire
http://www.musetmemoire.com/article.php?id=356
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APPROFONDIR
Le Mythe fondateur de la musique et de l’opéra
Présentation du mythe d’Orphée sur le site de Musique et Mémoire :
Un mythe fondateur et une œuvre maîtresse : « Monteverdi se trouve à Milan, et loge chez moi ; […] Il m’a montré les vers et fait entendre la musique de la fable que Votre Altesse a fait représenter ; tant le poète que le musicien ont si bien dépeint les passions de l’âme qu’il n’est pas possible de faire mieux. La Poésie est belle dans son invention, encore plus belle dans sa disposition, excellente dans l’élocution ; mais on ne pouvait s’attendre à moins d’un bel esprit comme M. Striggio. Quant à la Musique, tout en respectant ses convenances, elle sert si bien la Poésie, qu’on ne pourrait en attendre de meilleure. » (22 août 1607, lettre de Cherubino Ferrari, Milan, au Duc Vincenzo Gonzaga, Mantoue)
FABLE EN MUSIQUE : L’Orfeo de Monteverdi est une « Favola in musica » (fable en musique) en un prologue et cinq actes. Le livret, d’Alessandro Striggio, s’appuie sur le mythe d’Orphée tel qu’il est raconté dans les Métamorphoses d’Ovide et sur des passages des Georgiques de Virgile. L’œuvre est créée au Palais Ducal de Mantoue le 24 février 1607.
La Fable de Monteverdi connut un succès retentissant à sa création. La partition est imprimée en 1609 et rééditée en 1615 par Monteverdi lui-même à Venise, ce qui est exceptionnel.
Après deux siècles de repos, la première représentation moderne fut donnée en 1904 dans une adaptation abrégée de Vincent d’Indy à la Schola Cantorum de Paris ! Drame lyrique, L’Orfeo est considéré comme l’un des premiers opéras de l’histoire de la musique (le premier serait Dafne de Jacopo Peri), à la frontière du madrigal, dont il est en quelque sorte un développement, mis en scène. NDLR Classiquenews : Monteverdi a pu concevoir et produire ce premier ouvrage lyrique en en affinant peu à peu la forme dramatique grâce à l’écriture de ses 8 Livres de madrigaux, dont les jalons permettent l’élaboration progressive de la forme opératique qui en est l’aboutissement.
Illustrations : Orphée et Eurydice dans un paysage (Corot) – Orphée par le sculpteur Canovas (DR)