A 13h30, dans la salle Papyrus du Théâtre aan het Vrijthof, musique de chambre pour trois compositeurs rares, que réunit une même ferveur: Turina, Ives, Tournemire. Déjà invitées, les musiciennes du Koehne Quartett, phalange autrichienne, enchaînent la oracion del torero (1925), puis les 4 mouvements du quatuor à cordes de Charles Ives intitulé « A Revival service » (1896), enfin Musique orante de Charles Tournemire (1933). L’engagement et l’intériorité méditative des interprètes soulignent la justesse et la cohérence du programme dont chaque oeuvre illumine dans des sensibilités diverses le thème fédérateur du festival 2010: dévotion.
A 15h, la CellebroederSkapel accueille le claviériste Léon Berben qui de l’orgue au clavecin joue fugues, toccatas, fantaisie, chorals de Johann Ulrich Steigleder (1593-1635) mis en regard avec le choral de la cantate BWV 767 « O Gott, du frommer Gott » de Jean-Sébastien Bach. D’un clavier à l’autre, l’ex continuiste d’Antiqua Köln dirigé par Reihnardt Goebel, aujourd’hui dissout, déploie une éloquence fluide, un plaisir communicatif qui cisèle la vitalité des contrastes contenues dans les oeuvres ainsi dévoilées.
Le souci des programmateurs se focalisent à Maastricht sur l’adéquation des oeuvres et des effectifs avec les lieux qui les accueillent. Pour le concert de la fin d’après midi, à 17h30, La Grande Chapelle (Albert Recasens, direction) récapitulent plus d’un siècle de musique sacrée polyphonique à la Basilique Notre-Dame: ample vaisseau dont l’ombre enveloppante compose un cadre à la fois intime et grandiose pour les oeuvres choisies. Tout le programme rend grâce à la Vierge, sujet majeur d’une dévotion encore vivace: la Basilique abrite une statue toujours vénérée de la Vierge Ave Maris Stella. Les 6 chanteurs solistes réactivent ce chant angélique et transparent des choeurs polyphoniques particulièrement admiré au XVIè. Juan Navarro (circa 1530-1580), Tomas Luis de Victoria (1548-1611), Cristobal de Morales (circa 1500-1553), Francisco Guerrero (1528-1599) ont marqué l’écriture sacrée à leur époque; ils trouvent dans l’effectif vocal dirigé par Albert Recasens, d’ardents ambassadeurs, en particulier le contre ténor David Allsopp au timbre lumineux et extatique.
Sobriété des effets, lisibilité du contrepoint, formidable intensité qui va croissant à mesure que le concert se déroule: l’impact des hymnes, messes et motets est total, d’autant plus convaincant sous la voûte impressionnante du bâtiment, l’un des édifices les plus remarquables de la ville néerlandaise.
Maastricht (Pays-Bas).
Festival Musica Sacra Maastricht, le 19 septembre 2010. Koehne Quartett, Léon Berben, clavecin et orgue, La grande Chapelle, Albert Recasens. A venir: reportage vidéo exclusif Musica sacra Maastricht 2010