Maria: Cecilia Bartoli
Vidéo (durée totale: 8 mn 21)
Sur les traces de Maria Malibran…
Dans ce court documentaire (réalisation: Michael Sturminger), Cecilia Bartoli évoque la figure de Maria Malibran, morte trop jeune, immense cantatrice qui dès ses premiers rôles fut adorée, telle la diva romantique par excellence. Donizetti et surtout Bellini, captivés par sa voix et les possibilités de l’actrice, n’hésitèrent pas réécrire leurs personnages pour elle: Amina de La Sonnambula, ou Norma.
Objets lui ayant appartenu (portraits, lettres et bijoux de scène…), surtout extraits de son répertoire (Bellini, Garcia, Pacini, Rossini…), ressuscitent grâce à la passion et le tempérament de Cecilia Bartoli, la figure mythique du chant et de l’opéra du XIX ème siècle.
L’admiration de Ceclia Bartoli pour Maria Malibran, diva romantique (morte d’une mauvaise chute de cheval en 1836, à l’âge de 28 ans), ressuscite aujourd’hui un mythe vocal qui fut adulé par des foules enthousiastes, admirée par Georges Sand, pleurée par les poètes, Alfred de Musset et Lamartine. Son album intitulée « Maria » qui met à l’honneur l’art vocal, au moment où l’on fête les 30 ans de la disparition de Maria Callas (le 16 septembre 2007), donne la mesure d’un tempérament hors du commun qui fut outre une incroyable actrice, une immense tragédienne, une femme émancipée et indépendante (en cela estimée de Georges Sand), cette « Reine des arts » comme public et critiques l’appelaient à son époque. La fille du ténor et compositeur Manuel Garcia, qui fut aussi le professeur de Maria (et de sa soeur, la non moins douée Pauline Viardot), suscita un même enthousiasme auprès des compositeurs dont Rossini, Donizetti et surtout Bellini. C’est pour sa voix spécifique, à la couleur à la fois sombre, chaude et ronde, d’une agilité coloratoure époustouflante, dont l’ample tessiture devait s’étendre sur 3 octaves, que le compositeur réécrit son opéra La Sonnambula (auparavant créé à Milan le 6 mars 1831 avec La Pasta et le ténor Rubini).
Or ce répertoire qu’on croyait à l’origine, conçu pour des voix plus légères, se dévoile par la voix de Cecilia Bartoli en une sonorité nouvelle plus proche de ce qu’a souhaité Bellini. Certes Maria Callas eut le génie de ressusciter le répertoire du premier bel canto italien, préverdien avec ce souci du verbe, cette articulation visionnaire. Elle a ouvert la voie, dépoussiéré les opéras de Bellini, inauguré l’art du bel-canto italien. Après elle, les Sutherland, Sills, Caballe se sont emparées d’un répertoire qui semblait taillé pour leur chant.
Voici qu’avec ce nouvel album, Cecilia Bartoli restitue le répertoire de Maria Malibran, dans son contexte d’origine, pour cette vocalità de mezzo-soprano qui a été tant applaudie à son époque. L’identification de Cecilia pour Maria est d’autant plus naturelle que toutes les deux mezzo-soprano, sont nées de parents chanteurs: père ténor, mère soprano…
Aujourd’hui, il ne reste bien sûr aucun témoignage direct du chant de La Malibran. Pas d’enregistrement d’époque. Si Cecilia Bartoli pouvait distinguer un rôle dans la carrière de la diva romantique et l’écouter, elle choisirait assurément Amina dans La Sonnambula de Bellini: la chanteuse d’aujourd’hui comprendrait enfin quels aspects spécifiques de la voix perdue, enchantaient à ce point le compositeur qui y a laissé un chef-d’oeuvre romantique et lunaire, dans l’esprit de Chopin et de Musset. Cette quête d’une vocalità mythique nous permet à présent d’écouter La Bartoli dans l’un de ses meilleurs disques. La diva se dit prête aujourd’hui à relever le défi… et à chanter La Sonnambula sur la scène.
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