Paris, l’envol lyrique (1828-1830)
En 1828, Maria Garcia devenue Maria Malibran, jeune femme déjà émancipée et indépendante se fait un nom à Paris. Le public parisien ne tarde pas à l’applaudir dans les grands opéras de Rossini: Desdémone (Otello), Semiramide…
Diva rossinienne
Dès son arrivée, la cantatrice de 19 ans trouve très vite des soutiens dans la Capitale française. La Comtesse de Spare qui fut élève de Manuel Garcia, mais aussi les soeurs de son époux Malibran qui est resté en Amérique. La jeune cantatrice parvient à subvenir à ses besoins en donnant de nombreux récitals privés. A 20 ans, elle subjugue tout le parterre de l’Opéra de Paris lors d’un gala donné en hommage à la basse rossinienne Filippo Galli (14 janvier 1828). Déjà son charisme dramatique fait mouche, dans le rôle de Sémiramide de …Rossini. Le compositeur est alors l’éminence qui fait et défait les carrières, nommé par le roi Charles X, inspecteur du chant (1824), musicien officiel du règne. Maria qui a chanté depuis son adolescence les opéras du compositeur italien (Rosina du Barbier aux côtés de son père…), rêve déjà de chanter sous son aile, sur la scène des Italiens, le théâtre à la mode. L’année 1828 est significative de la reconnaissance immédiate du public parisien pour son succès: elle est applaudit logiquement dans Semiramide, aux Italiens, le 8 avril 1828. Mais elle enchaîne encore Desdemona dans l’Otello du même Rossini. A Paris, Maria Malibran qui n’a encore que 10 années à vivre, est devenue en quelques semaines, une étoile du chant rossinien.
Bruxelles, 1830. Les feux de l’amour: Charles de Bériot
Londres, 1830. Elle suscite un nouveau triomphe au Covent Garden et chante Romeo dans Giuletta e Romeo de Nicola Antonio Zingarelli, compositeur mis à la mode à Paris par Napoléon qui s’était enthousiasmé pour La Destruction de Jérusalem (Théâtre des Italiens, 1811). Alors en Angleterre pendant la Révolution de 1830, elle écrit son soutien au peuple français qui se soulève pour imposer sa liberté souveraine. Mais un autre front se révèle à elle: celui de la passion amoureuse. Après un récital à La Monnaie de Bruxelles, Maria donne un concert privé chez la princesse de Caraman-Chimay (août 1830) où se produit aussi le violoniste du roi Guillaume Ier des Pays-Bas, Charles de Bériot. Ils se sont déjà croisés mais là, l’attraction entre les deux êtres est irrésistible. Elle a 22 ans, lui 28. C’est le coup de foudre. Revenue à Paris, Maria retrouve les Italiens avec Desdemona dans Otello de Rossini. Mais la rumeur de sa liaison hors mariage (elle est toujours l’épouse de Malibran) avec Bériot, et surtout le fait qu’elle soit enceinte, suscite les foudres de la société parisienne bien pensante. Le destin accable encore la jeune femme qui perd son enfant mort-né. Le choc est terrible, Maria quitte Paris.
Illustration
Charles de Bériot (DR)