mardi 22 avril 2025

Marin Marais (1656-1728), Alcyone (1706). Radio classique, le 28 mai à 20h

A lire aussi

On sait que le grand faiseur d’opéras pendant le règne de Louis XIV fut l’incontournable et exclusif Lully. Pas un ouvrage lyrique dont il ne contrôla les conditions d’exécution. Pourtant quelques exceptions permirent au théâtre de compter sur de nouveaux talents. Celui de Marin Marais en fait partie.

Le musicien qui doit à sa musique de chambre, en particulier pour ses recueils écrits pour la viole de gambe, une renommée légitime, était aussi démangé par le démon des planches.
Sa technique inégalable doit beaucoup à Sainte colombe. Le film Tous les matins du monde, a fixé pour toujours cet épisode où l’élève admiratif apprenait encore de son maître, en se glissant sous le cabinet où Sainte-Colombe aimait jouer pour lui-même, pendant l’été.

Lully qui l’estimait assez pour lui confier de battre la mesure pour l’interprétation de ses tragédies lyriques, fut d’une clémence exceptionnelle en autorisant la création d’Alcyone, l’œuvre de toute une vie. Un ouvrage rassemblant l’imaginaire et l’ambition théâtrale de son auteur. La partition s’appuie sur un livret de Houdar de la Motte, utilise pour la première fois les contrebasses dans l’orchestre (la fameuse scène de La Tempête). Le style de Marais démontre l’assimilation parfaite du goût français (récitatifs « lullistes », des airs ornementés empruntés au genre de la cantate française). Faut-il voir dans l’élaboration d’une écriture codifiée qui recherche avant toute chose l’élévation du style et l’expression des passions humaines accordées au déchaînement des éléments, un lointain souvenir du paysagiste Nicolas Poussin (cf. notre illustration), auteur lui aussi, mais avant Marais, de fascinants paysages tragiques ?

Les témoignages de l’époque ont rapporté l’impression saisissante de la fameuse tempête qui dans l’opéra de Marais marquait un épisode inoubliable : « On ne peut s’empêcher de dire ici un mot de la tempête de cet Opéra, tant vantée par tous les Connoisseurs, et qui fait un effet si prodigieux. Marais imagina de faire exécuter la basse de sa tempête, non seulement sur les Bassons et les Basses de Violon à l’ordinaire, mais encore sur des Tambours peu tendus, qui roulant continuellement, forment un bruit sourd et lugubre lequel joint à des tons aigus et perçants pris sur le haut de la chanterelle des Violons et sur les Hautbois font sentir ensemble toute la fureur et tout l’horreur d’une mer agitée et d’un vent furieux qui gronde et qui siffle, enfin d’une tempête réelle et effective », précise Évrard Titon du Tillet, en 1732 dans son « Parnasse Français », lui-même grand admirateur du musicien et son premier biographe. Selon ce dernier, l’ouvrage convenait encore au goût du public parisien en 1730, lors de sa reprise.

Cet homme simple et réfléchi, capable de manier la fresque épique à l’opéra, ou ciseler l’art de la miniature et des climats réservés et ténues pour la viole, aimait cultiver son jardin, en particulier à la fin de sa vie dans sa maison, rue de l’Oursine, faubourg Saint Marceau.
Mais Alcyone ne fut pas unique opéra, et même s’il fut le plus important, son seul succès.

Le génie théâtral de Lully résonna en lui sur d’autres sujets qu’Alcyone : Alcide, ou le Triomphe d’Hercule, représenté en 1693, tragédie en cinq actes, certainement composée avec Louis Lully, fils de Jean-Baptiste, mais aussi Ariadne et Bacchus, une autre tragédie en cinq actes écrite en 1696, enfin, après Alcyone, Sémêlé, tragédie en cinq actes, datant de 1709.

Saluons l’hommage que rend Radio classique au compositeur, pourtant adulé grâce au succès du film précité. mais dont l’anniversaire passe en cette année Mozart, quasiment inaperçu. 2006 marque le 350 ème anniversaire de sa naissance. La rédaction de classiquenews.com lui conscrera bientôt un dossier, sur sa vie et son œuvre.

Marais, Alcyone(1706). Radio classique, le 28 mai à 20h
Jennifer Smith, Gilles Ragon, Vincent lLe Texier, Jean-Paul Fouchécourt et Véronique Gens, Les musiciens du Louvre, direction: Marc Minkowski.

Le 25 mai à 21h, Radio classique consacre une soirée spéciale pour le 350ème anniversaire de la naissance de Marais.

discographie

L’auditeur curieux de découvrir l’abondante partie de l’œuvre de Marais, composée pour la viole de gambe, se reportera avec bénéfice au cd paru chez Alia Vox, « Pièce de viole du Second Livre, 1701 » par Jordi Savall et Pierre Hantaï, Rolf Lislevand, Xavier Diaz-Latorre, Philippe Pierlot (1cd Alia Vox, AV9828).

Illustration : Pyrame et Thisbé, paysage tragique de Nicolas Poussin (Francfort sur le Main).

Derniers articles

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img