Louis de Lully (1664-1734)
et Marin Marais (1656-1728)
Alcide ou le Triomphe d’Hercule,
tragédie lyrique,
création le 3 février 1693
Livret de Jean Galbert de Campistron
(1656-1723)
Opéra (2006, 2h20), réalisation : Ange Leccia, Isabelle Soulard
Enregistré le 7 octobre au Château de Versailles
Le 14 octobre à 20h45
Le 15 octobre à 13h45
Le 24 octobre à 15h45
Le 3 novembre à 15h40
Joueur de viole et compositeur, Marin Marais est né en 1656 et mort à Paris, en 1728. Fils d’un cordonnier, il est enfant de chœur à Saint-Germain-l’Auxerrois. Il devient le disciple du maître Sainte-Colombe qui lui enseigne la pratique et les subtilités de la viole dans les années 1670 ; la viole était alors considérée comme un instrument majeur, véhicule et transmetteur des émotions intimes et secrètes, le plus éblouissant moyen d’écouter les vanités de ce monde… outre Marais, Caix d’Herveloix et Antoine Forqueray, les autres élèves de Sainte-Colombe, recueillent et transmettent en Europe, l’art de la viole appris auprès de leur maître.
Marais quant à lui poursuit sa carrière à Versailles où il devient le disciple de l’officiel Lully qui lui transmet son art de la composition. Reconnaissant, Marais dédie au premier compositeur de la Cour de Louis XIV, son premier livre de pièces pour la viole.
Marais participe aux fastes de la première Cour européenne par son raffinement et ses manières. Et ce, pendant quarante-six ans. Nommé « joueur de viole à la Chambre » en 1679, il décide d’interrompre ses activités musicales en 1725, l’année du mariage de Louis XV. Entre-temps, il fut « batteur de mesure » à l’Académie royale de Musique, de 1695 à 1710, une période foisonnante sur le plan instrumental et lyrique qui voit les chefs d’oeuvre du théâtre musical dans le genre national, de la tragédie lyrique, créé par son maître, l’incontournable Lully. C’est durant cette période qu’il compose ses quatre opéras : Alcide ou Le Triomphe d’Hercule, Ariane & Bacchus, Alcyone et Sémélé.
Mondain, fastueux, Marais sait aussi émouvoir grâce à l’important catalogue de ses pièces intimistes pour la viole, son instrument favori. Aux côtés des oeuvres solennelles qui avec celles de Lully, éclairent notre perception de la majesté versaillaise, il nous laisse un cycle de pièces raffinés et méditatives d’une singulière profondeur : dix-huit pièces à deux violes, vingt et une à trois violes et près de six cents mouvements pour viole seule et basse continue.
Mezzo, au moment où l’on fête ici et là, le 350 ème anniversaire de sa naissance, diffuse un document inédit, l’opéra « Alcide ».
Avec le fils du Lully, Louis de Lully – dont la valeur du style musical demeure a réévaluée malgré la réputation du musicien auprès des historiens-, Marin Marais élabore Alcide dont le sujet fut traité auparavant par Lully le père précédemment. Avec Alcide, Marais débute officiellement sa carrière de violiste à l’Académie royale de Musique. L’oeuvre est créée la même année que Didon de Desmarest et Médée de Charpentier. Le sujet narre avec noirceur les amours d’Hercule et de Déjanire. Sans qu’on puisse aucunement le prouver, il est habituellement admis que Marais, maître de son style, composa dans l’opéra les plus belles pages dramatiques, laissant à Lully, le fils, le reste de la partition. Vision assez discutable que l’on écartera avec raison, tant selon une habitude mésestimée des historiens, les deux compositeurs ont fait acte de composition collégiale. Chacun y apportant sa manière pour l’efficacité générale.
Alcide fut repris sous le titre de La Mort d’Hercule en 1705 et, en 1716, sous celui de La Mort d’Alcide. Il fut de nouveau représenté à Paris en 1744, à l’époque où Rameau était le nouveau champion après Lully, et depuis son Hippolyte et Aricie (1733) du genre tant convoité, de la « tragédie lyrique ».
Aurélia Legay, Déjanire (dessus)
Salomé Haller, Iole (dessus)
Stéphanie Révidat, Aeglé (dessus)
Sophie Landy, L’Amour (dessus)
Brigitte Balleys, Thestilis (bas-dessus)
Paul Agnew, Alcide (haute-contre)
Nicolas Cavallier, Philoctète (basse-taille)
Mise en espace : Olivier Simonnet
Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles,
direction musicale : Olivier Schneebeli.
Les Paladins, direction : Jérôme Corréas.
Illustrations
André Bouys, portrait de Marin Marais, vers 1704
François Lemoine, Hercule et Déjanire
Le ténor Paul Agnew (DR)